La vie est une farce qui se termine toujours de la même façon, alors autant regarder la mort en face en activant le bouffon et l’absurde. C’est ce que fait ici le collectif L’avantage du doute ( Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas, Nadir Legrand et Maxence Tual). Depuis sa création, après sa rencontre avec les Flamands du TGStan, le collectif a toujours cherché des chemins inexplorés, en utilisant l’humour, pour parler de choses sérieuses, la politique avec Tout ce qui nous reste de la révolution, le monde du travail avec La légende de Bornéo, les media avec Le bruit court que nous ne sommes plus en direct et la mort avec cet After show.

Cela commence avec l’interview d’un grand singe, devenu humain, par une présentatrice radio jouant avec emphase l’émotion et l’admiration. Il a perdu toutes ses caractéristiques d’origine, poils et dents, pour devenir un ambassadeur de Dior et est désormais considéré comme un artiste. Quand la musique démarre il offre en guise de chant un immense hurlement de désespoir. Dans une suite de saynètes chaque figure va ensuite venir faire son show dans une suite hilarante de rencontres des contraires. Les fantômes profitent d’une petite ouverture dans le monde des morts, pour venir faire un tour chez les vivants. Bruno Latour disserte sur la révolution cosmologique pour venir au secours d’une apprentie comédienne en panne sur La nuit des rois de Shakespeare, Hannah Arendt, contente de pouvoir fumer, car en enfer on ne peut pas, demande l’aide des spectateurs pour allumer sa cigarette, se lance dans des blagues dignes d’une cour de récréation et convoque Lacan qui bien sûr joue sur les mots (Là quand ?). Et puis comme il faut bien regarder la mort dans les yeux, elle arrivera, immense, avec sa faux et son regard brillant et inquiétant.

C’est un peu foutraque, mais au milieu des bouffonneries se cachent de la poésie et de l’humour car il y a toujours des moments de rire dans les enterrements. Les comédiens (Claire Dumas, Charline Grand, Nadir Legrand et Maxence Tual) et le musicien Manuel Peskine nous y entraînent à cent à l’heure, pointant avec humour nos travers et l’on rit beaucoup. On aime particulièrement Claire Dumas, la parole déchaînée fonçant comme l’éclair et la perruque de travers en formidable meneuse de jeu, et Maxence Tual en blouson doré Dior pleurant son ancienne vie de grand singe loin de la cage luxueuse conçue par les plus grands architectes ou en Mort imposante convoquant une Françoise Hardy dont la voix chantant « Derrière un kleenex, je saurais mieux comment te dire adieu » signe la fin du show.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 21 décembre au Théâtre du Rond-Point, 2bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris – du mardi au vendredi à 19h30, le samedi à 18h30, le dimanche à 15h30 – Réservations : 01 44 95 98 21 ou theatredurondpoint.fr

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