Deux écorchés de l’amour se croisent dans un parc. La rencontre démarre sur le registre de l’agacement. Actrice qui peine à décrocher des rôles, plutôt intello, elle rêve de jouer Tchekhov, s’affirme anticonformiste et est amoureuse d’un artiste tatoué qui vit à l’autre bout du monde. Lui travaille dans la publicité, vient de sortir avec fracas d’une grande histoire d’amour et d’en entamer une nouvelle où la tranquillité touche à l’ennui. Elle rêve d’un grand amour hors des conventions, il est méfiant. Sous le signe de La La Land et de Quand Harry rencontre Sally, ils vont nouer une amitié. De confidences en chamailleries, de jugements à l’emporte-pièce en consolations, ils vont peu à peu accepter leurs différences et avancer.

Céline Devalan a écrit une pièce où les répliques claquent, alternant drôlerie et émotion. Des citations enchantent le texte « Vivre sans prendre de risques c’est prendre le risque de ne pas vivre », mais aussi Victor Hugo ou Prévert avec « J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant ». Avec René Remblier, Céline Devalan a mis en scène la pièce. Cela commence comme une série télévisée avec un flash back annoncé. On part un an avant, avec un homme au téléphone, une femme qui lit et s’agace de cette conversation qu’elle subit et des généralités sexistes qu’il assène. Il lui dit que ce dont elle rêve c’est La La Land et elle juge que la vie qu’il se voit vivre c’est l’ennui d’Un jour sans fin. Deux êtres qui semblent opposés et pourtant…

La musique, conçue par Adriel Genet, rythme le passage d’une séquence à l’autre. Sinatra et claquettes,robe bleue électrique, séance de cinéma partagée avec seau de popcorn, éclairages qui rappellent ceux des films hollywoodiens, on est dans l’univers du cinéma. Les deux acteurs sont parfaits. Céline Devalan est ELLE, rêveuse, emportée par la passion ou se laissant aller au doute. Marc Pistolesi que nous avions aimé dans « Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? » est LUI, maladroit, aspirant au bonheur mais paralysé par la peur de se brûler les ailes.

On écoute avec plaisir leurs joutes sur le sentiment amoureux et, comme dans La La Land, on se plaît à suivre « ces idiots qui osent rêver ».

Micheline Rousselet

Du 7 au 31 juillet au Théâtre La Luna – 1 rue Séverine, 84000 Avignon – Réservations : 04 90 86 96 28 et sur theatre-laluna.fr.billetreduc.com – tous les jours à 21h30 sauf les 13 et 21 juillet

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