Tatiana a quatorze ans. Elle est romantique, timide, et aime la littérature. Eugène a dix-sept ans. Ami de l’amoureux d’Olga, la sœur aînée de Tatiana, il promène son ennui, cultive l’ironie et un certain cynisme. Quand elle l’a vu, ils ont parlé ensemble, elle l’a trouvé charmant et insolent et en est bien sûr tombée amoureuse. Elle lui a écrit, mais il l’a rejetée. Alors qu’elle rumine son chagrin, un drame va les séparer, définitivement croit-elle. Dix ans après ils se retrouvent par hasard et renouent le lien. Eugène découvre alors qu’il ne peut pas imaginer de vivre sans elle. Mais Tatiana désormais mûre et plus sûre d’elle, en a -t-elle encore envie ? Peut-on réécrire le passé ? Où en serait-on si … ?
Inspiré d’Eugène Onéguine, le roman de Clémentine Beauvais Songe à la douceur, écrit en vers libres avait, lors de sa sortie, séduit le public adolescent et la critique. Sa musicalité et le souvenir de la musique de Tchaïkovski, son romantisme, sa poésie, sa façon d’aborder les différentes nuances de l’amour ont séduit Justine Heynemann qui en a fait un spectacle musical. Aidée par l’autrice et par Rachel Arditi, elle en a tiré un livret qui joue de tous les modes de communication : vers libres, textos ou conversations sur skype. Les thèmes sont intemporels, l’amitié, les amours adolescentes, le désir, le deuil et le passage du temps qui bouleverse les sentiments. Elle en a confié la partition au musicien Manuel Peskine qui a écrit une musique pop-rock, tantôt nerveuse tantôt rêveuse, jouée sur scène au piano, au violoncelle, à la guitare et à la batterie par les acteurs. Les chansons renvoient à l’univers de Chantons sous la pluie ou des Demoiselles de Rochefort, références revendiquées par Justine Heynemannn.
Dans un décor aux couleurs pop, où s’épanouissent de grandes fleurs et où tombe parfois une pluie de paillettes aux couleurs vives, une narratrice (Rachel Arditi) fait avancer l’histoire qui ne connaît aucun temps mort. Des éclairages précis cernent les personnages ou au contraire fuyant le naturalisme, les font apparaître derrière un voile qui masque le fond de scène. Les acteurs, aussi musiciens et chanteurs ( Rachel Arditi, Manuel Peskine, Charlotte Avias, en alternance avec Elisa Erka, Manika Auxire en alternance avec Lucie Brunet, Benjamin Siksou, Valerian Béhar-Bonnet) font naviguer le spectateur du passé au présent, entre fantaisie et gravité, cruauté et tendresse.
Un spectacle plein de vie, d’énergie mais aussi de douceur où les ados se reconnaissent et où les adultes se retrouvent projetés dans le tumulte, la passion et les chagrins des amitiés et des amours adolescentes passées.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 30 décembre au Théâtre Paris-Villette, 211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris – tous les jours à 19h, relâche les 24 et 25 décembre – Réservations : 01 40 03 72 23 ou theatre-paris-villette.fr – le 13 janvier au CDN de Sartrouville (78), le 27 janvier au Théâtre de la Celle-Saint-Cloud (78), le 10 mars au Théâtre d’Angoulême, le 6 avril au Théâtre d’Agen
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu