Emma la clown (Merieme Menant) revient avec sa tenue de scout, jupe grise, chemisier bleu, cravate et bonnet informe. Après avoir nous avoir régalé de ses causeries avec des scientifiques, des poètes et des philosophes où, sous les pitreries pseudo naïves, se cachaient des propos beaucoup plus profonds qu’il n’y paraissait, Emma la clown décide de s’emparer des chansons d’Anne Sylvestre. Comme elle se proclame «celle qui l’aime le plus au monde », elle a appris par cœur 276 de ses chansons et a demandé à Nathalie Miravette, qui fut la pianiste d’Anne pendant onze ans si elle voulait bien l’accompagner. Un peu méfiante au début, Nathalie Miravette a finalement accepté et c’est un petit bijou qui sort de leur duo.

Quand Emma arrive guitare en main on se demande à quoi s’attendre. Dès la première chanson Le lac Saint Sébastien, Emma se lance dans une sorte de pantomime, ses mains mimant l’eau qui coule, et on voit Nathalie Miravette inquiète proposant de « l’épure ». Emma remercie, tente de maîtriser ses bras qui voudraient continuer dans la métaphore de l’eau. Leur duo va commencer à s’accorder dans l’interprétation hilarante de Bergère. Après avoir proposé de convoquer un troupeau de moutons, puis seulement un agneau, puis de composer des personnages caricaturaux, Emma va arriver à l’épure conseillée par Nathalie sans y perdre de sa verve pour ce petit sommet d’ironie où une bergère ridiculise son maître trop entreprenant. Peu à peu elles vont s’accorder. Emma est consciente de ses maladresses vocales, mais elle écoute les remarques de Nathalie. Celle-ci semble parfois un peu décontenancée par l’enthousiasme de sa partenaire, mais est touchée par sa sincérité. Une complicité évidente s’installe entre les deux partenaires. Emma se fait chanteuse et Nathalie se fait comédienne. On attend bien sûr Sorcière, qu’Emma avait tenté d’introduire avec un balai, ce dont l’a découragée Nathalie, mais il y a aussi toutes ces chansons qui nous amènent au bord des larmes comme Carcasse.

Beaucoup de gens ont gardé d’Anne Sylvestre le souvenir des Fabulettes qui ont bercé leur enfance ou celle de leurs enfants. Leur succès phénoménal a parfois occulté le reste de son répertoire, célébrant à la fois la force et la fragilité des femmes et moquant avec humour le patriarcat. Ce spectacle, drôle et plein d’émotion, redonne une visibilité à ses chansons, véritable hymne à la liberté, à l’amitié et à l’amour.

Micheline Rousselet

Spectacle vu au Café de la Danse le 13 octobre – Tournée : le 7 novembre au Pôle culturel L’Ekla, Le Teich (33), 30 novembre au Hall de la Chanson, Parc de la Villette , Paris, du 15 au 30 décembre au Café de la Danse à Paris 11e, 30 janvier 2026 au Centre culturel, Isle (87), 7 février Festival « Détours de chant » à Toulouse (31), 13 février Le Cratère, Alès (30), d’autres dates en mars et mai 2026

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