L’éditeur, « Camion Blanc » – sans doute en référence à l’expression « Beau comme un camion blanc » – se veut spécialisé dans le rock mais a quand même publié un ouvrage sur « Les musiques noires ». Didier Delinotte et Jacques Vincent, ensemble ou séparément, œuvrent à faire connaître et reconnaître les groupes de rock oubliés, tombés dans le néant alors que certains de leurs compositions, interprétations et albums devraient être sauvegardés, écoutés. Ils réalisent un travail de mémoire nécessaire pour, dans le même temps, rendre compte de ces années 1960’s (sixties) et 1970’s (seventies) qui ont vu un processus de destruction/création extraordinaire. Des barrières sont tombées, des fondations se sont construites pour envahir les 30 années suivantes.
Trois groupes seront évoqués. « Une histoire des Flamin’ Groovies » est signé des deux auteurs. Un groupe qui naît à San Francisco juste avant la vague hippy qui déferlera sur la ville donnant naissance à une nouvelle littérature. Une ville curieuse avec son « Golden Bridge » bien connu désormais par les films de Clint Eastwood ou de James Bond – on se souvient de Roger Moore vieillissant essayant de donner l’illusion de l’immortalité. Cyril Jordan, Roy Loney, George Alexander et Tim Lynch écoute la pop anglaise qui tient le haut du pavé, Beattles, Rolling Stones mais aussi Kinks et Who. Le groupe évoluera dans sa composition pour réaliser des albums empreints à la fois d’une certaine innocence, celle des pionniers, et d’une énergie remarquable. Au milieu des années 80, le groupe éclatera.
Dans la lignée de ce premier ouvrage, Delinotte et Vincent récidivent avec une évocation de « The Kinks », sous-titré « Histoire d’une nostalgie chronique » qu’il faut associer à l’ironie et à l’humour, seule façon de faire passer le souvenir rêvé du passé. Dans le slang londonien, un terme résume l’alliance de ces sentiments : « Kinky ». Les frères Davies – Ray sera le compositeur du groupe – et Pete Quaife en seront les participants. Ce groupe connaîtra deux vies. La première dans le « Swingin’ London » du début des années 1960, l’autre aux États-Unis. Leur musique aura tendance à se sophistiquer au fur et à mesure de leur évolution.
Enfin un groupe resté mythique et encore dans les mémoires, du moins dans la mienne, « The Byrds ». Ils n’ont pas été accueillis comme il se devait en France. Aux débuts de ces années 1960, ils annoncent pourtant la révolution hippie. Roger McGuinn, le leader charismatique, David Crosby, Gene Clark, Chris Hillman ajoutés de Gram Parsons ont marqué l’Amérique de Lyndon B. Johnson et de Richard Nixon. Tous les chants revendicatifs des États-Unis, des blues aux folk songs se retrouveront dans leur musique. Leurs vies ne seront pas toujours roses pour ces « cow-boys de l’espace », comme le sous-titre Didier Delinotte, seul auteur de cette évocation.
Dans chaque ouvrage, ils mêlent, contexte historique, social et la musique en train de se faire pour offrir des clés de compréhension d’une société, en train de se noyer dans notre présent devenu l’alpha et l’oméga de notre passé et de notre avenir. Pour faire fructifier notre patrimoine et le rendre vivant.
Nicolas Béniès.
« Une histoire des Flamin’ Groovies », « The Kinks, histoire d’une nostalgie chronique », Didier Delinotte et Jacques Vincent ; « The Byrds, des cow-boys de l’espace », Didier Delinotte, Camion Blanc.
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