Opéra : Bohème, notre jeunesse

La version française de La Bohème de Puccini est très liée à l’Opéra Comique. En 1898, moins de deux ans après sa création en italien à Turin, elle y fut représentée dans une version française approuvée par Puccini et connut un grand succès qui ne s’est pas démenti depuis. C’est une version française un peu raccourcie, plus centrée sur l’intime, faisant la part belle aux femmes, avec une formation instrumentale plus réduite que nous propose ici l’Opéra Comique, une version plus légère qui pourra se déplacer et séduire un public plus jeune souvent très éloigné de l’opéra pour des raisons culturelles ou économiques.

Opéra : Bohème, notre jeunesse
Opéra : Bohème, notre jeunesse

Inspiré par le roman d’Henry Murger, Scènes de la vie de bohème , c’est dans le milieu des jeunes artistes qui vivent dans un Paris en pleine transformation à la fin du XIXème siècle, que se déroule La Bohème. Mimi vit dans une chambre de bonne où elle brode pour des ateliers parisiens. Rodolphe, Marcel, Colline et Schaunard partagent la chambre voisine, se consacrant à l’écriture, à la peinture et à la musique. En dépit de la misère et du froid qui les glace, ils rient, ils s’aiment, Rodolphe et Mimi, Marcel et Musette.

La metteuse en scène Pauline Bureau s’est passionnée pour cet opéra romantique, qui fait une place au drame social, dont les héros sont de jeunes artistes vivant dans la misère, qui se consacrent à leur art en dépit du froid, de la pauvreté et de la tuberculose qui frappe même les jeunes gens. Elle nous propose une vision poétique et très réaliste du Paris de la fin du XIXème siècle. La vidéo permet d’éviter la lourdeur des décors. Les chambres de Mimi et de Rodolphe, l’escalier que gravit Mimi pour demander l’aide de son voisin et que dévalent rapins, poètes et musiciens pour aller au café où les jeunes artistes se retrouvent, s’inscrivent dans une vidéo d’immeubles parisiens qui rappellent les premières photographies mais où la couleur se serait invitée. On y distingue même une Tour Eiffel à demi-érigée. La neige qui tombe, les éclairages révélant un sans-abri qui s’abrite près d’un brasero nous plongent dans le froid de l’hiver où va s’éveiller l’amour de Rodolphe et Mimi. Pauline Bureau, tout en laissant leur place aux beaux moments d’amitié entre Rodolphe et Marcel, a un peu coupé dans les personnages masculins pour faire la part belle aux personnages féminins.

L’adaptation musicale de Marc-Olivier Dupin allège aussi l’opéra en laissant de côté les épisodes avec chœur pour se centrer sur les deux couples. La formation musicale est assurée par l’orchestre des Frivolités musicales. On y retrouve les cordes, les bois, les cuivres, un percussionniste et une harpe comme dans la partition de Puccini, mais réduits à treize musiciens dont un accordéoniste qui apporte une couleur « vieux Paris ». La place donnée aux femmes est importante : chef d’orchestre et chef de chant sont des femmes.

Cette version donne une nouvelle jeunesse à l’opéra de Puccini. Les élans du cœur de ces jeunes gens qui rient, aiment, brûlent les feuillets à peine écrits pour se chauffer, se disputent, se séparent et meurent parfois, passent d’autant mieux que les interprètes sont jeunes. Sandrine Buendia avec son petit bonnet rose est une Mimi naïve, douce et amoureuse et sa voix fait merveille. Marie-Eve Munger est une Musette libre, en robe verte échancrée et boa violet, croisant haut les jambes et n’hésitant pas à changer d’amant. Le ténor Kevin Amiel est profondément émouvant en Rodolphe et la voix de baryton de Jean-Christophe Lanièce en Marcel est tout aussi belle.

Le temps a passé mais le cœur des spectateurs est toujours prêt à défaillir en entendant « On m’appelle Mimi » ou « ces petites mains glacées ».

Micheline Rousselet

9, 11, 13, 17 juillet à 20h, 15 juillet à 15h

Opéra Comique

1 Place Boieldieu, 75002 Paris

Réservations : 08 25 01 01 23

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