La silhouette d’un esclave apparaît tandis qu’une voix off lit le Code Noir édicté par Colbert, qui donnait tous les droits aux blancs propriétaires d’esclaves. Quand il se relèvera il deviendra un des danseurs du Cotton Club, ouvert à Harlem en 1920, où un animateur blanc poursuit ce discours raciste n’autorisant la salle qu’aux blancs tandis que les Noirs ont « droit à la scène » !

De Cab Calloway à Beyoncé, du blues au gospel, de la soul au pop, du jazz au rap, le spectacle va faire vivre l’évolution de la musique afro-américaine en la reliant avec finesse à son contexte historique : ségrégation raciale, Ku Klux Klan, lutte pour les droits civiques, Rosa Parks et Martin Luther King, Malcolm X et Mohamed Ali, hip-hop et rap, élection d’Obama.

En trente-six tableaux on va parcourir près d’un siècle de musique afro-américaine en lien avec l’histoire américaine. Le passage d’une époque à l’autre est fluide, les soli avec des voix amples alternent avec des scènes d’ensemble, l’émotion succède aux scènes de cabaret. L’orchestre de Cab Calloway laisse la place à Summertime où la très belle voix de la chanteuse entre en accord avec deux danseurs, l’arrivée de la procession sinistre de membres du Ku Klux Klan accompagne Strange fruit, le blues de Billie Holiday, chanté avec beaucoup d’émotion. Les chansons cultes se succèdent Hit the road Jack, Baby love, Say it loud – I’m Black and I’m proud, You are so beautiful, Purple rain et tant d’autres. On passe de Nina Simone aux Supremes, d’Aretha Franklin à Whitney Houston, de Michaël Jackson au Gangsta rap, de la voix de Martin Luther King à celle d’Obama.

Valéry Rodriguez fasciné par la culture afro-américaine a porté Black legends, écrivant le texte, le mettant en scène et supervisant le chant. Thomas Bimaï s’est lui consacré aux chorégraphies et à la danse et Christophe Jambois à la direction musicale, au piano et aux claviers. Au fond de la scène l’esquisse d’une maison coloniale du Sud abrite en hauteur et au sol les six musiciens de l’orchestre qui accompagnent les quatorze danseurs et chanteurs. Les costumes explosent de couleurs mettant en valeur les corps des danseurs et danseuses qui rivalisent de virtuosité. Les voix soulèvent l’émotion et l’enthousiasme du public.

Un voyage à travers la musique afro-américaine qui est aussi un hymne à l’amour et à la différence.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 8 janvier à Bobino, 14-20 rue de la Gaité, 75014 Paris – du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 17h – Réservations : 01 43 27 24 24 ou billetterie@bobino.fr

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