Jean-Pierre Jullian est batteur et il veut battre le cœur de l’humanité pour construire une nouvelle route maritime, de celles qui disparaissent dans le sillage des bateaux, pour voyager dans un autre monde. Le confinement avait forcé la voie vers un monde d’après qui ne soit plus celui d’avant. Le compositeur Jean-Pierre Julian ne l’a pas oublié. Puisant aux sources des poètes, en l’occurrence le sous-Commandant Marcos – souvenez-vous du Chiapas – et d’Alvaro Mutis, poète né à Bogotá, Il alimente le navire de tous ces chants profonds enracinés dans une terre puissante pour voguer vers le ciel.

Il a constitué un sextet qu’il fait sonner quelquefois comme un orchestre symphonique, Tom Pablo Gareil au vibraphone sait évoquer les souvenirs de son instrument, de Lionel Hampton jusqu’aux percussions de Strasbourg, Lionel Garcia au saxophone alto qui sait exprimer la colère comme la mémoire du free jazz, Adrien Dennefeld au violoncelle pour explorer les possibilités de la voix et de la musique dite classique, Aurélien Besnard clarinette basse, un instrument qui sait tout faire, Guillaume Séguron à la contrebasse pour l’évocation de la rencontre du jazz et du classique, une énumération qui indique que la musique ici ne choisit pas mais intègre toutes les nuances et écoles. Le jazz est l’un de ses affluents comme d’autres.

Une suite en trois parties intitulée « Ma y Ma » – deux mamans à l’origine de cette composition puissante -, « El Sub », « Le chant des dunes » et « El Gaviero », référence directe à Mutis comme l’indique le dernier titre « Marcos et Maqroll, guetteurs d’espérance », une promesse qu’il nous faudra tenir pour aller au-delà de cet embarquement.
Larguez donc les amarres…
Nicolas Béniès

« Ma y Ma », Jean-Pierre Jullian sextet, Mazeto Square

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