Florian Chaigne, batteur et compositeur, mêle les rythmes, trois temps décomposés, recomposés dessinant des transferts de paysages pour trouver les graines dont sa musique a besoin. « Transhumance », titre de l’album, pourrait aussi servir de devise pour nos sociétés qui, chacune à leur manière, ont besoin des autres pour survivre. L’enjeu est de définir une nouvelle culture mariant des traditions, des rythmes différents. Transhumance des générations, Juliette – la fille du batteur je suppose – participe directement à ce passage de témoins pour entrer dans un autre monde.
La batterie est, ici, l’instrument soliste capable aussi de dialoguer avec les autres instruments pour construire une musique de groupe qui fait référence à plusieurs types de jazz, mélange qui entraîne l’auditeur des sons qu’il connaît vers d’autres constructions. Pierre-Yves Mérel, saxophone et flûte, ne renie pas l’héritage de Coltrane et de Wayne Shorter pour glisser vers un ailleurs pas encore défini montre que la musique mécanique fait partie de son bagage, Carla Bley pointant le bout de ses doigt, Emeric Chevalier est le socle rythmique de tout le groupe, acteur essentiel de cohésion. Les titres des compositions dessinent aussi une cartographie qui vient habiter la musique. Les transhumances sont vitales.
Nicolas Béniès
« Transhumance », Florian Chaigne, Aloya Records/Inouïes distribution
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