Henri Texier a toujours voulu se renouveler et trouver des sources d’inspiration dans des cultures rencontrées au hasard de son existence. Cultures souvent de populations annexées, colonisées ou tout simplement ignorées. Les « Native Lands » – soit les Indiens d’une Inde confondue par Colomb avec l’Amérique – sont les grands laissés pour compte de ces États-Unis incapables dans le même temps de rompre avec le racisme.
Il fallait soulever la lourde pierre qui ferme l’accès à leur musique, à leur héritage. Ces Nations indiennes ont été très utilisées à la construction des gratte-ciel. Ils n’ont pas le vertige et dansent sur les constructions en fer donnant ainsi l’impression d’être les maîtres des nuages que les gratte-ciel voulaient atteindre. Un truc de mâles : féconder le ciel. Eux se nommaient « Sky Dancers ». Voilà nous dit Henri l’origine du titre de cet album. Qui répond à une autre préoccupation, nous faire danser pour nous faire comprendre que notre sol est un volcan miné par la crise écologique et les mutations climatiques.
Le contrebassiste et compositeur s’est aussi servi de cette entrée pour rendre hommage à quelques-uns de nos amis proches comme Jacques Prévert dont le fantôme sait comme personne venir nous titiller pour nous dire nos quatre vérités et quelques autres, ou Paul Motian, poète de cet instrument emblématique du jazz, la batterie. De quoi aussi construire un portrait d’Henri Texier.
En compagnie de Sébastien Texier qui s’est fait un prénom et a pris cette assurance dont il avait besoin au saxophone alto notamment – il joue aussi de la clarinette -, de François Corneloup au saxophone baryton qu’il fait sonner dans ses profondeurs, de Louis Moutin à la batterie, et de Nguyên Lê à la guitare, Armel Dupas aux claviers – nouveaux arrivants dans le groupe – qui apportent une contribution nécessaire et dans le ton, Henri Texier fait chanter sa contrebasse pour faire chavirer les souris qui se passent de chats. Autrement fit une ode à tous les exploités, tous les oubliés d’une histoire écrite par des vainqueurs sans vergogne. Peut-être aussi la danse comme facteur d’unité, de rencontres…
Nicolas Béniès.
« Sky Dancers », Henri Texier, Label Bleu, distribué par l’Autre Distribution.
Henri et son groupe sera à Coutances, au festival « Jazz sous les Pommiers » le vendredi 6 mai pour présenter au public cet album. Il sera précédé par le quartet de Sébastien Texier. Une double raison d’assister à cette soiré.
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu