« A contretemps » est un titre étrange tellement ce premier album est dans l’air de notre temps. Une voix à l’opposée de celle de Yaël Angel qui ne craint pas les écarts vers les aigus. Ici, pas de débordements. Une voix qui se veut soyeuse, violente douceur qui laisse présager d’autres tempêtes… qui ne viennent pas. Une autre manière d’être originale pour éviter de copier les autres, du passé comme du présent. Elle réussit son pari, prendre une place dans les mondes du jazz vocal qui n’appartient qu’à elle. Elle murmure presque pour dire son espoir d’un amour énorme qui recouvre toutes les autres sensations. Cet album est tout entier une déclaration d’amour à un récipiendaire inconnu de nous.

Jazz : Sarah Lancman
Jazz : Sarah Lancman

Sarah bénéficie de l’apport d’un autre grand pianiste, Giovanni Mirabassi – Gianluca Renzi, bassiste et Gene Jackson, batteur complètent le trio qui fonctionne à plein régime. Le pianiste signe les arrangements, certaines compositions et remplit la fonction de directeur musical. Les dernières réalisations de Mirabassi ne m’avaient guère convaincu. Il semblait avoir perdu la foi… qu’il retrouve ici. Il faut l’entendre. Il est grandiose.

Toku, vocaliste et bugliste est l’invité surprise pour des duos avec la chanteuse, en anglais comme il se doit, langue de rencontre entre des cultures différentes pour que le jazz existe. Cette présence explique, peut-être, la reprise de « On s’est aimé », en bonus track comme on dit en français, chanté en japonais.

Sans conteste Sarah Lancman a du talent, sans conteste sa voix reste dans l’oreille, mais elle aurait intérêt à éviter l’écriture simpliste de chansons qui parlent d’amour en mimant des paroles déjà connues pour construire un répertoire. Il lui manque un peu de sauvagerie, de révolte.

Nicolas Béniès.

« A contretemps », Sarah Lancman, Jazz Eleven.


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