Michel Fernandez, prof à Lyon, est aussi saxophoniste. Il participe des présents du jazz en se situant dans la lignée de John Coltrane, comme presque tout le monde de nos jours, mais aussi de John Tchicai – un mélange Congo/Europe du Nord, le chaud et le froid – et de l’afro beat de Fela Kuti. Un héritage qu’il fait fructifier en le rendant présent, en lui redonnant du sang neuf. Il connaît ce profond adage du jazz, « Je t’aime, je te respecte mais je ne t’imite pas parce que tu m’as influencé ». Aucune copie mais une inspiration commune. Le rêve de la musique comme une réponse à la folie du monde. John Tchicai est sans doute le moins connu de ce « club des cinq » – dont Archie Shepp et Leroy Jones – réuni au début des années 60 pour un album ESP d’avant garde. Sa leçon doit être;pourtant retenue, rester soi-même tout en intégrant les bruits du monde. Michel Fernandez a participé à ces recherches.
Il vient à la fois de sortir un nouvel album, « Passages » entre l’avant et l’après, entre hier et demain, entre lui et lui peut-être – et de constituer un nouveau quartet : Linda Gallix au piano, François Gallix à la contrebasse et Jack Pirastru à la batterie. Ils font la preuve que l’énergie, le plaisir de jouer, de créer ne font pas partie du passé. Ils et elle partagent cette intensité de cette musique qui ne supporte pas la tiédeur. Des compostions qui intègrent allègrement le free jazz, les rocks et les musiques du monde. Il faut insister sur l’allégresse qui fait la preuve que ce quartet fonctionne. Ces quatre là sont des passagers clandestins d’un bateau qui n’est pas fait pour eux.
Un album réussi. Cerise sur le gâteau, cet enregistrement est réalisé pour un nouveau label, « Jazz in situ Records ». Un petit nouveau qu’il faut saluer comme il se doit et lui souhaiter une longue vie au service de ces musiques trop souvent laissées dans l’ombre.
Nicolas Béniés
« Passages », Michel Fernandez quartet, Jazz in situ records, contactjazzinsitu@gmail.com
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