Le contrebassiste Gary Brunton, grand breton a rencontré, à Paris comme il se doit, le pianiste serbo-croate Bojan Zulfikarpasic au cours du CIM – disparus depuis. Le titre qui ouvre l’album, « 83 bis » fait référence à l’adresse du CIM, 83 bis rue Doudeauville, et à leur amitié faite de discussion sur la musique, le jazz et ses racines. Bojan aura besoin de Michel Portal pour revenir à la musique de son enfance. Dans leurs pérégrinations parisiennes, de club en club, ils trouvent un troisième, toujours nécessaire pour faire vivre la musique, le batteur Simon Goubert, dans la lignée d’Elvin Jones avec cette énergie profonde, farouche qui perce tous les à peu près.
Si l’on suit bien, cet album raconte les histoires de rencontres, de conversations, d’influences aussi tout comme les fantômes vivants prés de nous, exerçant par leur présence un effet sur les musiques en train de se jouer. Un trio aux définitions à la fois précises – on pense bien sur à celui de Bill Evans – et floues. Chacun des trois s’efforçant de briser les lignes par sa volonté d’être lui-même. Les apparences classiques, douces comme la violence sociale qui ne dit jamais son nom, laissent apparaître une contrebasse aux lignes rationnelles dialoguant tout autant avec le pianiste et le batteur.
Les titres, souvent explicites, permettent de suivre le voyage du trio, chacun apportant une pierre de taille et légère à cette construction. Partir du CIM pour arriver à Riga, c’est le trajet nécessaire pour se trouver comme se retrouver, en bus de nuit bien évidemment – « Night Bus » est le titre générique de cet album qui ne peut pas vous laisser indifférent.
Nicolas Béniès.
« Night Bus », Gary Brunton, Juste une Trace
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