Michel Portal, 85 ans au moment des faits, affirme l’âge d’artères qui se refusent au vieillissement, « MP85 » a été le titre évident de cet album plein de sève. Dans les notes de pochette, il dit s’être précipité dans le studio lors, sans doute, du premier déconfinement. Si l’on ose s’en souvenir, le premier confinement nous a enfermés dans un « chez nous » devenu comme une prison. La libération est venue de la musique et de la formation de son groupe qui réunit plusieurs générations pour une musique qui puise dans toutes les musiques populaires dansantes, à commencer – c’est pourtant le dernier thème – par un chant basque, « Euskal Kantua », un duo.
Bojan Z, au piano et claviers, m’avait raconté que Portal lui avait fait découvrir les mélodies serbo-croates, de son père, qu’il avait oubliées dans le rock et le jazz. Ensemble, ils les évoquent tout en faisant la part belle à d’autres cultures pour danser sous la lune, pour faire la nique au virus, pour démontrer la vie ni simple ni tranquille mais là simplement.
Nils Wogram sait, au trombone, avoir cette sonorité des origines du jazz pour agiter les notes, titiller ses complices et susciter des réponses. Bruno Chevillon, à la contrebasse, brasse les soubassements rythmiques tout en mélangeant ses improvisations avec les autres et en dialoguant avec le batteur/percussionniste Lander Gyselinck. Le tout sera l’album des vacances. Une grande réussite.
Nicolas Béniès
« MP85 », Michel Portal, Label Bleu/Amiens distribué par L’autre distribution
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