Michele Hendricks a commencé en faisant partie des groupes de son père, Jon, un des créateurs du « vocalisme », des textes le plus souvent poétique sur les thèmes qui ont fait l’histoire du jazz. Elle a commencé une carrière soliste – elle a réalisé deux ou trois albums – et s’est arrêtée se faisant enseignante en s’installant en France. Il était loisible de la rencontrer jusqu’à l’année dernière au festival de Crest Jazz Vocal (dans la Drôme) où elle était chargée de stages. Elle montait de temps en temps sur la scène pour offrir aux publics extasiés l’essentiel de son art du scat.
Elle remonte sur scène pour renouer les fils d’une carrière un peu écartelée. Elle profite de l’édition de cet album, « A little bit of Ella (now and then) – titre éponyme de la seule de ses compostions qui en fait partie – pour commencer une tournée.
Un album dont l’enregistrement remonté à une quinzaine d’année et qui, pour des raisons indéterminées, était resté inédit. Il signait pourtant la rencontre de Michele avec Tommy Flanagan (décédé en 2001), pianiste de Ella Fitzgerald pendant de nombreuses année, pianiste de l’ombre, mais aussi un des grands musiciens de la scène de Detroit et qui a participé au renouveau du jazz des années 1950. Son trio était composé de jeunes musiciens – à ce moment là – Peter Washington à la contrebasse et Lewis Nash à la batterie complété, pour la plupart des plages, par Brian Lynch à la trompette, Robin Eubanks au trombone plus deux invités surprises, papa Jon sur « How High the Moon » et Davis « Fathead » Newman au saxophone ténor, un de ceux qu’il est impossible d’oublier (mort en 2009). Deux fantômes hantent donc cet album, deux fantômes en pleine forme.
Michele reprend les standards chers à Ella tout en les dynamitant par des emprunts au reggae – et si les programmateurs de radio laissent une oreille sur ce « Sweet Georgia Brown » qui ouvre et ferme l’album, ils en feront un énorme succès mérité -, aux rythmes du calypso tout en restant près d’un jazz actuel. Il faut entendre le solo de Robin Eubanks pour s’en rendre compte. Le duo avec papa – Jon – est toujours ponctué de rires, le dual n’est pas vraiment pris au sérieux. Même si le scat est, lui, joué avec sérieux. C’est un enchantement.
Disons-le, Michele est moins à l’aise sur les ballades comme ce mystérieux « Every time we say goodbye », comme Ella. Ce thème devait faire partie de l’hommage…
Une musique jouée avec une allégresse communicative, un swing brut qui fait plaisir à entendre, une mise en place juste pour un de ces albums qui peuvent ouvrir la journée.
A bientôt, Michele…
Nicolas Béniès
« A little bit of Ella », Michele Hendricks, Cristal Records.
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