Giulia Valle, contrebassiste, cheffe d’orchestre et compositeure, mène une carrière des deux côtés de l’Atlantique. De ce côté-ci, elle incarne le nouveau du jazz de Barcelone, de la Catalogne et bénéficie du soutien de la « Generalitat », de l’autre côté, elle a convaincu Jeff Levinson, représentant de Blue Note à New York comme Randall Kline, à San Francisco de son talent.
Elle est invitée, avec son trio, Marco Mezquida, piano et David Xirgu, au San Francisco Jazz Center où ils sont enregistrés. Ce « Live in San Francisco » en est le résultat. Une musique étrange qui donne l’impression de partir dans tous les sens, qui éclate, qui s’éclate dans des réminiscences de danses anciennes, tournent autour du thème, l’enveloppe, le perde, le retrouve pour signifier la nécessité de tourner autour du pot, ce pot qui se dérobe continuellement.
Des compositions qui font la part belle à la mémoire de toutes les musiques apprises, oubliées, réinventées en un flux continu qui nous emporte comme si le vent qui souffle nous avait rendu notre naïveté de l’enfance, pour découvrir une fois encore que l’énergie d’un trio qui s’entend comme larrons en foire peut nous transporter vers un ailleurs non défini.
Son jeu de contrebasse a des références, Mingus pour la force et surtout la poésie de Gary Peacock entre autre. Elle sait pousser ses musiciens pour leur faire donner au-delà de ce qu’ils pensaient pouvoir faire.
Évidemment le trio de Keith Jarrett vient à l’esprit dans son ancienne tenure mais ces trois là savent dominer cette influence pour faire entrer d’autres cultures. Née en Italie, Giulia se souvent vaguement du Bel-Canto, vivant à Barcelone depuis l’âge de 5 ans, elle se sert de toute l’Espagne pour donner à ses compositions l’ancrage culturel qui leur donne une saveur particulière.
Pour des raisons que j’ignore, Giulia Valle n’est pas encore reconnue en France. Cet album devrait contribuer à la découvrir comme il se doit.
La tradition du jazz n’est pas nouvelle à Barcelone, le trio de Giulia fait la démonstration que cette tradition, bousculée, reste vivante.
Nicolas Béniès
« Live in San Francisco », Giulia Valle trio, Discmedi Blau/Socadisc.
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