Ilhan Ersahin est saxophoniste, Stambouli et habite New York et fait partie de l’underground tout en étant propriétaire de sa maison de disques, Nublu et voyage dans le monde entier. Il est plutôt lié à la scène pop. Il utilise massivement tous les sons des musiques électroniques d’aujourd’hui donc ce « boum boum » permanent qui fait s ‘évanouir toutes les tentatives de se poser sur un nuage. « Istanbul sessions » est le titre de l’album qu’il a lui-même produit. Un album bien dans l’air de ce temps un peu vicié, dans lequel tous les ingrédients du succès sont dispersés. Si les programmateur(e)s passent cette musique, le saxophoniste est assuré du succès. Il pourrait faire un tabac chez les DJ.

Il reste confiné, ce peut être un atout, dans un langage qui doit beaucoup aux musiques répétitives même s’il s’inspire des musiques cosmopolites de la Turquie et d’Istanbul en particulier. Une ville à cheval entre Orient et Occident, entre ciel et terre où le rêve fait partie intégrante des paysages urbains. La ville se pare des vestiges d’un passé ottoman victorieux pour attirer dans ses rets le visiteur insouciant qui ne peut se défaire des images enregistrées. Elles s’attachent à lui pour le convaincre de revenir.

Ilhan Ersahin, passé à New York, a perdu le sens du merveilleux et de l’imagination. Il n’a plus de relations avec Istanbul et pas encore avec New York. Il est dans un entre deux qui lui a fait perdre ses racines sans en retrouver d’autres. L’explication du titre est sans doute là.

Jazz : Ersahin
Jazz : Ersahin

Ces compositions s’inscrivent toutes dans le même schéma. Alp Ersonmez à la basse, Izzet Kizil aux percussions et Turgut Alp Bekoglu à la batterie font leur travail pour fournir un arrière fond visiblement voulu par le saxophoniste qui y reste comme enfermé, comme s’il avait construit ses propres frontières.

Une musique qui pourrait s’entendre dans tous les festivals de musique électronique avec ce qu’il faut de dérapages dans les aigus pour plaire. Elle devrait avoir du succès même si je la trouve un peu trop limitée dans ses ambitions.

Nicolas Béniès.

« Istanbul sessions », Ilhan Ersahin, Nublu Records/Modulator


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