Noël Tavelli, batteur et composition, a bâti un groupe, les Argonautes, qu’il veut voir voguer sur un frêle esquif sur toutes les mers musicales du monde et d’abord celles du jazz, un océan qui se renomme dans chaque contrée qu’il traverse pour faire semblant de perdre une identité qu’il n’a jamais possédée. Il fallait bien la Suisse, paradis de la fausse neutralité, pour proposer une manière contemporaine de jouer avec les traditions, les influences en intégrant toute la force d’une musique capable de se métamorphoser tout en intégrant d’autres cultures y compris la musique contemporaine.

Le jeu de batterie démontre sa volonté. Il conserve, comme Jeff Ballard, l’essentiel de la pulsation du jazz tout en brisant les références qui semblent s’imposer pour construire des courants intérieurs – « Inner Streams », titre de l’album – qui ne supportent aucune règle préétablies. Manuel Schmiedel, pianiste américain ajouté au groupe de départ permet une teinte supplémentaire qui permet de créer de nouveaux paysages. Francesco Geminiani, né à Vérone en Italie, se situe du côté de Wayne Shorter pour raconter de curieuses histoires qu’il brode sur les idées du batteur. Matthias Spillman, trompettiste, n’oublie ni Miles Davis ni Don Cherry et Fabien Iannone sert d’assisse qui permet à tous de s’élancer vers la terre, vers leurs mondes intérieurs qu’ils arrivent à partager.

Nicolas Béniès

« Inner Streams », Noël Tavelli & the Argonautes, Fresh Sound/New Talent


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