Le temps de décembre est aux cadeaux plus ou moins marchands – la vogue actuelle de la deuxième main -, plus ou moins adaptés, plus au moins sympathiques.

Trois coffrets proposés par Frémeaux et associés donnent à entendre des musique de danse, de joie, de sourire et de rire.

Danse et joie partagée avec deux enregistrements de Lionel Hampton et son orchestre pris sur le vif à l’Olympia, Paris, d’abord en janvier 1956 puis le 25 mars 1961. Depuis 1953, date de sa première tournée en Europe, Lionel est revenu chaque année en France, à Paris notamment. Un show exceptionnel en même temps qu’une création pleine de vie, d’espoirs, de swing qui prend la forme de marées pour faire monter la mer de la transe. Le public participe de cette prière, communiant avec l’orchestre, avec Hampton. L’enregistrement, c’est rare, a conservé le ruissellement de fête. La musique, le jazz deviennent les seules références, le temps du concert. Les lumières se sont allumées, Paris a disparu engloutie dans les outrances superbes de Lionel.

Un codicille : cette année là, dans l’orchestre figure un grand pianiste, Oscar Dennard, mort trop tôt sans avoir le temps d’enregistrer, qu’il faut écouter avec attention.

En 1961, l’ambiance est différente. La guerre d’Algérie fait trembler la République, le public ne vient pas facilement aux spectacles. Lionel quant à lui subit la concurrence du rock et a du mal à trouver des engagements aux États-Unis. L’Europe lui permet de continuer à se produire. Le menu est plus classique, autour de ses grands succès. Moins fou mais toujours capable de faire oublier le monde extérieur.

Lionel ouvre la danse pour toute les réunions, rien ne lui résiste. Tenter l’expérience pour illuminer vos soirées !

Chet Atkins, guitariste spécialiste du picking, évoluant entre country, blues, rock – il est quasiment le directeur artistique de la première séance d’Elvis Presley chez RCA en 1954 – a influencé la plupart des grands guitaristes comme les autres. Une sorte de panthéon à lui tout seul de la guitare.

Bruno Blum, auteur du livret, présente le musicien et cette anthologie retraçant ses premiers enregistrements en deux temps – et deux CD – « de 1946 à 1952 » et de « 1952 à 1956 », avec ses premiers grands succès dont « Mister Sandman » – en référence vraisemblablement à Bill « Bojangles » Robinson.

« The indispensable Chet Atkins » mérite bien son nom. Et si vous savez danser le quadrille, le bonheur sera parfait…

Un coffret de deux CD qui peut devenir un jeu de société sous la forme « qui chante ? ». Les vocalistes réunis chantent en français mais ce n’est pas leur langue natale. Eartha Kitt, longtemps meneuse de revues, ouvre le recueil. Sa version de « C’est si bon » – titre générique du coffret – déborde de tous les côtés laissant de côté la version originale pour se situer plus dans la lignée des grandes chanteuses françaises de l’entre deux guerres. Une grande réussite. Marlene Dietrich emboîte le pas avec une « vie en rose » à désespérer  du rose et des chansons de Jean Sablon. Anthony Perkins, l’acteur de « Psychose », fait la preuve de son ascendance française. L’ombre de son accent donne une coloration étrange aux chansons qu’il reprend. Pour le moins, difficile à reconnaître. Harold Nicholas, ci-devant danseur de claquettes – avec son frère – s’était dans ces années cinquante, installé en France, devenant chanteur avec « Je ne peux rentrer chez moi » moins dramatique que celui, original, d’Aznavour. Le fin du fin, qui devrait rendre chèvre les participant.e.s à ce jeu, Billy Eckstine, crooner, tromboniste, chef d’orchestre be-bop dans les années d’après guerre, chante « Nuages » – de Django -, « les feuilles mortes » bien sûr, « Chez moi », un des thèmes cher aux jazzmen français de l’époque, « la valse des lilas »… Le français se transforme par la voix profonde de « Mr B ».

En bonus le « C’est si bon » de Louis Armstrong… je vous conseille de commencer par là…

Nicolas Béniès

« Lionel Hampton 1956-1961 », collection Live in Pais, livret de Michel Brillé qui donne quelques indications sur Le couple Hampton ; « The indispensable Chet Atkins, 1946-1956 » ; « C’est si bon, Foreign artists singing in french 1931-1962 », Frémeaux et associés


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