Sarah Murcia manie la contrebasse avec une espièglerie qui lui permet d’allier profondeur et légèreté pour, de rebondissements en rebondissements, obliger à l’écoute. Lorsqu’elle rencontre le tuba de François Thuillier, on ne sait plus qui est le tuba ou la contrebassiste. Le tuba est aussi appelé basse à vent, c’est lui qui se fait entendre dans la plupart des premiers enregistrements du jazz. Pour « Eyeballing », un titre bien de notre époque, et supporte au moins deux traductions, « surveillance » et « à vue d’œil », manières de se jouer des apparences. Sarah Murcia se fait vocaliste pour affirmer un poème décalé qui va du gardien – caretaker – au « Minimum » pour affirmer une esthétique – en passant par inefficient et une « volonté avec un nuage de lait », sorte de mini scène de ménage qui lui fait dire qu’elle a été forcée à chanter… pour qu’elle se mette à l’écart des grands courants d’influence des vocalistes. Déchanté pourrait-on dire pour mettre en relief paroles et musiques au service de la parole, de la conversation.

Jazz : Sarah Murcia
Jazz : Sarah Murcia

Elle entremêle les claviers prenant la place de Benoît Delbecq, lui-même passant aux bruits électroniques et aux drums d’Internet, qui fait manquer la pulsation agile de la batterie tout en convenant au projet de la chanteuse. Olivier Py, saxophoniste, vient apporter la voix supplémentaire qui manquait.

Un groupe soudé, capable de faire surgir des images de leur imagination mêlée à la nôtre.

Nicolas Béniès

« Eyeballing », Sarah Murcia, dStream distribué par l’Autre Distribution


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