Pour ce dernier concert, il est possible d’inviter très largement, d’ouvrir le bal, de laisser les invité-es siffler, se déhancher au son de cette musique « soul ».
Le lieu est différent. Au « Caméléon », un de ces clubs mythiques de Paris qui restera en activité longtemps mais pas assez pour que la génération d’aujourd’hui puisse le visiter sinon à travers les souvenirs de ceux et de celles qui y ont participé. Bernard de Bosson, pianiste amateur dans les années 1960 – futur PDG des disques Warner – le décrit dans les notes de pochette signées Michel Brillé.

culture/musique
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Ce 28 juillet 1961, le club reçoit la visite du trio de Les McCann qui vient de triompher au festival d’Antibes Juans-les-Pins. Le public est nombreux pour entendre la nouvelle attraction. Une musique inspirée par la dance et même les tap dancers, mais aussi par le gospel. Les McCann fait partie de la même école que Ramsey Lewis qui pratique lui aussi ce mélange. Le succès est au rendez-vous. Il faut noter que « The Truth » signé ici par Les ressemble furieusement au « Wade in the Water », un traditionnel que Ramsey Lewis allait aussi enregistrer (en 1966 !)…
Les deux sets sont ici repris en deux CD, de quoi boire jusqu’à plus soif cette musique souvent répétitive. Autour d’un verre pour oublier un monde oublieux de toute fraternité, elle sera une compagne nécessaire. D’autant que Les n’oublie pas les standards…
Le batteur, Ron Jefferson, m’a laissé un souvenir inoubliable lorsqu’il jouait avec Erroll Parker (Ralph Schecroun), pianiste inspiré à la fois par Erroll Garner – bien sur – tout comme McCann et par ces pianistes dits « soul ». Ron n’était pas toujours en place mais avait une joie communicative et surtout il avait une pipe entre les dents, c’était là toute la différence. Il ne faudrait pas laisser de côté le bassiste, Herbie Lewis, pièce essentielle de la transe que procure ce trio.
Une excellente manière de terminer les concerts à domicile… Il faut sortir maintenant, malgré les risques, et aller entendre le jazz vivant…
Nicolas Béniès.

« Les McCann trio, 28 juillet 1961 », Live in Paris, collection dirigée par Michel Brillé et Gilles Pétard, Frémeaux et associés distribué par Socadisc.

Petite note en forme de référence. Les McCann a beaucoup enregistré pour Atlantic. L’enregistrement qui domine toute cette production – pas beaucoup de déchets lorsqu’on aime cette forme de jazz – s’intitule « Swiss Movement », réalisé « Live at Montreux », avec le concours d’Eddie Harris, saxophoniste remarquable resté dans une relative obscurité et Benny Bailey, trompettiste. Pour la petite histoire, la rencontre n’était pas prévue mais Les avait perdu une partie de son groupe et… Le miracle a eu lieu… Les McCann le dira dans l’enregistrement, « c’est la première que je rencontre Eddie Harris » et pour un « coup d’essai, ce fut un coup de maître sans grand lendemain…
On raconte aussi que la belle attachée de presse du festival a subi une sorte de harcèlement de la part de McCann et qu’il a fallu l’intervention d’un bel athlète, copain de l’attachée, pour que ça cesse…


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