Les festivals, les concerts permettent de voir le jazz. Cette dimension est nécessaire pour cette musique qui sait vivre. Certains de ces concerts sont enregistrés. Plus ou moins bien. Surtout, il arrive que le swing soit sur la bande par une alchimie miraculeuse. C’est souvent le cas pour ceux réalisés à l’Olympia (Paris). Peut-être parce qu’ils se trouvent sous le label « Pour ceux qui aiment le jazz », l’émission phare – à 22h30 – de Daniel Filipacchi et Frank Ténot sur Europe n°1 et réunissent une grande partie de la jeunesse qui se retrouve dans cette « musique de sauvages » comme on dit à l’époque, une musique – on ose – immorale. Les bien pensants critiquent à n’en plus finir ce jazz qui pervertit les jeunes esprits trop malléables. J’exagère ? Même pas. Il faut relire ce que ces « ligues » ont écrit pour se rendre compte de la bêtise sans nom qui les possède. Je sais, la bêtise ne recule pas si facilement si l’on en croît les propos d’un élu du FN sur Erik Satie…

Les vacances permettent de prendre le dessus sur le temps qui passe et même sur celui qu’il fait. Prenez le temps donc. Un après midi par exemple. Seul ou en groupe à votre convenance. De ceux et de celles qui partagent cette passion un peu dévorante. Commencez doucement en enlevant le cellophane du premier CD. Dans l’ordre chronologique pourquoi pas. Ce 14 février 1959 la météo est douce et le temps politique à l’orage. La crise politique est ouverte malgré les coups d’Etat du général de Gaulle le 13 mai 1958, le vote de la Constitution en octobre 1958. La « guerre d’Algérie » – une guerre qui ne veut pas dire son nom, on parle d’opérations de police – engloutie des jeunes hommes dans l’engrenage infernal de la barbarie, celle de la torture. Les généraux, eux, deviennent « factieux » et l’OAS commence ses opérations terroristes. Le climat est délétère.

culture/jazz/Horace Silver
culture/jazz/Horace Silver

Le jazz, lui, résiste. Permet des effets de génération, de se sentir bien contre le monde qui vacille. Une nouvelle se répand. Horace Silver est à Paris et donne, comme il est d’usage, deux concerts, l’un à 18 heures, l’autre à minuit. Je ne suis pas sur que l’Olympia soit « full up » ni que le public connaisse bien ce pianiste/compositeur, l’un des plus importants du moment.
Il a été « découvert » par Stan Getz qui avait joué avec le trio d’Horace dans un bled paumé du Connecticut si ma mémoire est bonne. Stan avait promis de l’appeler pour les faire monter à New York en les engageant. Qui peut croire à ces promesses ? Personne sauf Stan Getz… On oublie cette partie de l’histoire d’un Getz trop souvent présenté comme colérique et égocentrique.
Horace représente le côté « funky » – pour la traduction Michel Brillié en donne l’essentiel dans les notes du livret, ça participe de la construction de l’ambiance – avec son compère de Pittsburgh, le batteur Art Blakey et ses Jazz Messengers. Ils avaient construit le groupe ensemble au départ mais deux leaders c’est beaucoup trop… Art Blakey était à Paris, au Club Saint-Germain, en octobre 1958 indiquant que Paris, à cette époque et malgré tout, était un rendez-vous du jazz, une des capitales de cette musique. La jeunesse se cherchait des héros, des Dieux…
Une fois installé, la voix de Horace, un peu embrumée par le rhume sans doute. Un ascète que l’Horace. Ni tabac, ni alcool, ni drogue. « Les petites pépées » par contre (1)… Frêle, il semble disparaître derrière le piano. Dés qu’il le fait sonner, l’illusion du colosse s’impose, un colosse dansant et qui aime danser comme faire danser. Chez lui une sorte de reste du « sandman », du danseur de claquettes, plus « Bojangles » Robinson que Fred Astaire. Habité tout autant par les gospels et les blues comme de cette culture qui est celle du Cap Vert, de son père il se joue de toutes ces cultures pour construire une musique originale qui fait bouger le corps comme la tête. Laissez-vous envahir sans hésiter à l’écouter assez fort. Pour ameuter les voisin-es et partager avec elles/eux ce concert. Fraternellement.

Les membres du quintet savent investir les compositions d’Horace. Il faut dire que c’est son groupe régulier. « Blue » Mitchell, trompettiste un peu trop oublié à la sonorité un peu trouble, celle du blues comme son surnom l’indique, « Junior » Cook saxophoniste ténor, Gene Taylor contrebassiste et Louis Hayes à la batterie sont tous des musiciens prometteurs. Au programme, les grands succès à commencer par « The Preacher » qui ouvre la première partie et « Senor Blues » qui ferme la deuxième – la voix d’André Francis se fait entendre entre les deux sets – sans oublier « Room 608 », la chambre qu’occupait Horace où il a composé les thèmes les plus importants, « Doodlin’ » l’une de ses compositions les plus « chaudes » comme le notera Miles Davis. Une nouveauté, « Sweet Stuff » – toutes les traductions sont possibles -, extrait de son dernier album Blue Note – comme il le dit lui-même – « Finger Poppin’ », en trio.

Prenez le temps d’un rafraîchissement et plus si affinités…
Nicolas Béniès. (à suivre)

« Horace Silver 14 février 1959 », Live In Paris, =

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américains et de ces romans dits de gare à mauvaise raison sinon pour les « ouvrages » de Peter Cheyney – inspirateur de Bernard Borderie et créateur du personnage de Lemmy Caution – qui n’ont pas résisté au temps. Un auteur, comme son écriture l’atteste, de droite…
En ce qui concerne les auteurs britanniques qui situent leurs intrigues aux États-Unis sans y avoir jamais mis les pieds, James Hadley Chase a moins vieilli. Il est réédité dans la collection Folio/Policier.


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