Un duo c’est une rencontre amoureuse. Le jazz a souvent progressé de cette manière. Musique de l’instant, il ne peut que fonctionner à la fraternité, à la réciprocité. Une sorte d’art de la conversation sans concession.
Bill Carrothers, pianiste de la mémoire, en juin 1999, avait tenté l’expérience d’une rencontre avec – à l’époque – le jeune batteur Bill Stewart dont c’était, je crois bien, le premier album. Le titre disait bien l’objet : « Duets with Bill Stewart ». Jean-René Mourot, pianiste, suivant les dires de l’intéressé, avait trouvé là une idée qu’il voulait suivre. Sur cette route, il trouva un batteur meneur de groupes, Bruno Tocanne.
Contrairement à Bill Carrothers qui avait privilégié les « standards », Mourot et Tocanne se sont lancés un défi, celui de l’improvisation, de l’écoute. Les influences se disputent alimentant la conversation. Les réponses se veulent déroutantes pour dégager le ciel de la routine, de ce bleu qui reste figé pour nos yeux de terriens. Ils s’interrogent sur la forme du bleu, des bleus. Une simple construction ? Un processus ? Partager ces « Chroniques de l’imaginaire » permet de se reposer toutes les questions qui se cachent dans nos rêves. Que se passera-t-il si nos rêves communs deviennent réalité ?
Le pari était risqué. Les protagonistes peuvent y trouver un plaisir qui ne se partage pas. Il fallait beaucoup d’humilité pour le tenir. Bruno Tocanne transforme la batterie pour qu’elle puisse répondre au piano, le dit piano n’hésitant à se faire instrument de percussion. Le dialogue prend forme.
Un « standard » aurait permis une trêve pour une conversation plus facile à suivre pour l’auditeur. Tel que, ils veulent ouvrir les portes et les fenêtres d’un imaginaire partagé. La résistance passe par le rêve. A deux et avec d’autres si affinités.
N’hésitez pas, pénétrer dans leur monde. Ils sont finalement accueillants.
Nicolas Béniès.
« Chroniques de l’imaginaire », Jean-René Mourot/Bruno Tocanne, Momentanea
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