Manu Carré, saxophoniste et compositeur, sait attraper l’air d’un temps volatile. Il distille une musique faite de réminiscences prises ici, là ou ailleurs qui nous tombe l’impression de la connaître sans la reconnaître vraiment. Sa sonorité de saxophone tient de celle de Michael Brecker et son quintet, dit Mce5, se trouve en écho avec les « moderns cities » chère au vibraphoniste Mike Maineri, le vibraphone en moins. L’utilisation des claviers permet de construire des environnements musicaux puissants, à la limite du pompier quelques fois.
« GO », titre de cet album – et je vous conseille pour vous faire une idée de la musique de ce quintet de commencer par ce titre éponyme plutôt que « Afrunk » qui ouvre l’album -, est une proposition d’y aller, de voir, de s’arrêter pour jouir de cette musique un peu hypnotique, en spirale pour pénétrer dans des profondeurs de surface, pour voguer dans l’éther.
Florian Verdier aux claviers sait éviter le piège du bavardage, Aurélien Miguel à la guitare a bien écouté Jimi Hendrix et tous les guitaristes de rock sans oublier Metheny ou Scofield, Nicolas Luchi à la basse assoit le rythme et Max Miguel montre ce qu’il doit à Tony Williams ainsi qu’aux batteurs de rock un peu « bûcherons » pour varier les plaisirs. Le tout fait souvent penser aux groupes du dernier Miles Davis. Un quintet soudé qui, finalement, réussit à nous « avoir »… à l’insu de notre plein gré.
Nicolas Béniès.
« Go », Manu Carré Electric 5, ACM Jazz label distribué par Socadisc.
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