Natasha constate un jour dans son miroir, une curieuse anomalie qui va bouleverser sa vie : une queue est en train de lui pousser au bas du dos, telle une queue d’animal.
Responsable de l’intendance d’un zoo, la cinquantaine passée, elle continue de vivre auprès de sa mère et ne semble avoir aucune réelle vie sociale ou sentimentale.
Alors qu’elle semble définitivement résignée à une existence terne et routinière, elle fait la connaissance, au cours d’investigations médicales, d’un jeune radiologue qui lui témoigne d’entrée beaucoup d’amitié.
Elle s’attache à lui. Il répond avec beaucoup d’empressement à ses candides élans amoureux. Une idylle survient qui transforme complètement la vie de Natasha.
Mais qu’adviendra-t-il de cette romance prometteuse ?
Dans son film, Ivan I. Rverdovsky dresse tout d’abord le portrait d’une femme d’âge mûr. Une femme qui serait un peu comme un personnage vierge, soudain confronté, à cinquante-cinq ans, aux complexités de la vie, à des sentiments juvéniles, aux conflits et aux malentendus qui peuvent en découler.
Ainsi, Natasha qui a déjà parcouru la plus grande partie de sa vie et qui, en théorie, devrait entrer dans une période d’apaisement, se voit soudain plonger dans le bouleversement d’une seconde chance totalement inattendue.
Elle est même amenée à faire face à des événements et à des sentiments d’une nature étrangère à ceux qu’elle pouvait avoir vécu dans sa vie de femme jusque-là.
Que l’anomalie physique dont souffre Natasha soit crédible ou pas importe peu. Ce qui importe c’est que le handicap surnaturel contraste avec le contexte réaliste du récit. Que cette « différence » dont Natasha est frappée, la range dans la catégorie de ceux qui sont différents, étranges et par là même, exclus de la société.
Dans un monde où chacun se conforme à des règles, appartient à une catégorie, respecte la ligne commune, « Zoologie » est un conte, peut-être une fable, qui s’élève contre l’unification et la standardisation de toute société.
La queue d’animal dont se voit affublée Natasha symbolise une particularité de la personne au même titre que l’oipinion politique, les goûts musicaux ou artistiques, une orientation sexuelle ou l’origine de l’individu. Tout ce qui le différencie de l’autre.
La queue de Natasha est ce qui la distingue de millions d’autres personnes.
Malgré l’élément fantastique dont on prend connaissance dès le début du récit, « Zoologie » n’est pas un film de science-fiction. Et s’il ne pousse pas de queue aux humains, c’est un fait scientifique, Ivan I Rverdovski est parti de cette hypothèse en tentant d’imaginer, si la possibilité existait, à quoi elle pourrait ressembler. Et il en est arrivé à la certitude que, si le corps humain pouvait en développer une, elle ressemblerait à celle qui est montrée dans le film. Et cette concrétisation de l’anomalie, finit de cette façon, par s’intégrer au contexte par ailleurs réaliste du récit.
« Zoologie » est une oeuvre étrange, attachante et cruelle. La personnalité de Natasha, ses élans d’amoureuse novice, sa spontanéité retrouvée, sa fantaisie ressuscitée poussent à l’empathie. Son histoire d’amour avec Petia est un moment de grâce.
Le récit toujours en équilibre entre la surnaturel et le réalisme est magnifiquement construit et les comédiens sont remarquables.
Francis Dubois
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