Dans les montagnes d’Afghanistan, des enfants bergers, filles et garçons, ont pour mission d’accompagner les troupeaux de chèvres et de moutons dans les pâturages et de protéger les bêtes des attaques des loups.

Ils ont l’insouciance de leur âge. Les garçons fabriquent des lance-pierres dont les tirs ont un pouvoir dissuasif sur les prédateurs tandis que les filles fument en cachette ou jouent à simuler des contrats de mariage rocambolesques ou à commenter les minuscules événements qui ponctuent la vie du village.

Les légendes que racontent les aînés s’intègrent au quotidien de tous.

Cinéma : Wolf and sheep
Cinéma : Wolf and sheep

La réalisatrice de «  Wolf and Sheep  » présenté dans la section « Quinzaine des réalisateurs » au festival de Cannes 2016 et qui y a obtenu le Prix international des cinémas Arts et Essai, n’a que 26 ans.

Elle a passé sept années de son enfance dans un village isolé dans les montagnes d’Afghanistan qu’elle a reconstitué pour les besoins de son film, dont on pourrait penser que c’est un documentaire. Tous les personnages de cette semi-fiction sont interprétés par de jeunes enfants et des paysans totalement novices, dont certains montrent des dons certains pour créer l’illusion de silhouettes ou de personnalités convaincantes.

Ses souvenirs d’enfance l’ont guidée pour l’écriture d’un scénario qu’elle n’a pas voulu laisser aller totalement vers la fiction, mais qui retrace la vie d’une communauté telle qu’elle l’a connue autrefois, repliée sur elle-même et qui fonctionne selon des règles exigeantes et des rituels auxquels il n’est toléré aucune entorse.

Lorsqu’elle quitte Téhéran à l’âge de onze ans, pour émigrer dans le petit village de Bâmiyan, au cœur de l’Afghanistan, Shahrbanoo Sadat se sent d’autant plus seule au monde qu’en tant que citadine, elle est tenue à l’écart. Elle est d’autant plus coupée des autres qu’il n’existe alors aucune possibilité de scolarisation pour les filles et que de ce fait, elle doit rester à la maison..

Sa propre histoire lui a inspiré le personnage de Sedika, la fillette de 11 ans que les autres croient maudite. Celui de Qodrat, le garçon avec qui elle établit une complicité, est inspiré du personnage de son meilleur ami de l’époque qui habitait le même village et que les autres rejetaient à cause du remariage prématuré de sa mère.

« Wolf and Sheep » compte parmi les plus réussis des films dont l’objectif qui rendent compte de la réalité de ces tribus vivant encore, il y a une quinzaine d’années, hors du temps, totalement tenues à l’écart des effets de l’évolution d’un civilisation galopante et dévorante.

Les personnages sont attachants, bien dessinés et totalement crédibles en dépit du décalage social et culturel. On suit avec intérêt les menus événements qui marquent leur quotidien et on écoute avec le même intérêt les récits des anciens aux airs de légende.

La seule réserve à propos du film de Shahrbanoo Sadat pourrait porter sur les dialogues parfois trop abondants et insistants. «  Wolf ans Sheep  » n’aurait-il pas gagné à en faire l’économie et à laisser beaucoup plus souvent, la parole aux images ?

Francis Dubois


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