Hagit, jeune fille fragile, frappée d’une légère déficience mentale, vit avec sa mère qui l’a toujours surprotégée.

Elle travaille dans une fabrique de papier-toilette où ses qualités de gentillesse et de dévouement sont appréciées.

Lorsque Hagit noue une relation avec Omri, le fils du directeur de la fabrique, elle décide de n’en rien révéler à sa mère.

Or, celle qui s’est toujours dévouée à sa fille, à l’occasion d’une nouvelle rencontre, voudrait bien vivre sa vie de femme.

Cinéma : Wedding doll
Cinéma : Wedding doll

Nitzan Gilady, documentariste reconnu, réalise avec « Wedding Doll» son premier long-métrage de fiction. Il y traite d’un sujet auquel le cinéma israélien semble très attaché, la relation fusionnelle entre mère et fille.

Jusque là, Hagit a toujours vécu non seulement chez sa mère, mais à l’ombre de celle-ci et l’une et l’autre sont prisonnières d’une relation avec laquelle il est impossible sinon de rompre, du moins de relâcher les liens.

La légère déficience mentale de Hagit est une raison de cet état de choses. Hagit est-elle, comme le prétend sa mère, dans l’impossibilité de devenir autonome, d’assumer seule son quotidien ? Ou bien la mère a-t-elle forgé cette certitude pour garder sa fille auprès d’elle ?

La rencontre d’Hagit avec Omri va être le premier grain de sable dans le rouage huilé d’une existence de soumission d’une part et de dévouement d’autre part.

Nitzan Gilady a imaginé un formidable portrait de jeune fille dépendante au moment où naît en elle, avec l’émoi amoureux, un désir d’autonomie. Il a tout autant réussi la rencontre amoureuse entre un garçon en plein épanouissement et une jeune fille qu’on «n’épouse pas» pour de multiples raisons et entre autres parce qu’elle montre des signes de déficiences mentales incompatibles avec le projet d’une vie de couple et de famille.

Tout ce qui devrait éloigner Omri d’Agit, au contraire, la rapproche d’elle et la simple sympathie des premiers temps se transforme en sentiment amoureux.

L’ambiguïté des sentiments du jeune homme à l’égard d’Hagit est traitée avec beaucoup de subtilité. La sincérité des sentiments n’est pas en cause mais Omri mesure-t-il l’engagement qu’ils impliquent ? Contrairement à Hagit qui n’a nullement conscience des tabous, lui se doute du poids que pèseront ses proches pour empêcher cette union.

Nitzan Gilady bénéficie de la présence dans son film de deux comédiens formidables. Si la performance d’actrice de Moran Rosenblatt dans le rôle d’Hagit est à saluer, celle de Roy Assat, toute en subtilités, est tout aussi magnifique.

Il se dégage de l’un et de l’autre, un tendresse, et dans leur relation, une telle poésie qu’on se laisse emporter par cette histoire qui avoisine la tragédie de très près.

La déception finale d’Hagit la conduira-t-elle vers la folie pour laquelle elle a toujours montré une prédisposition ou bien l’amènera-t-elle à devenir une personne indépendante ?

Un très beau film, d’une grande finesse narrative et qui échappe à tous les écueils auxquels le sujet l’exposait.

Francis Dubois


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