«  Warrior women  » dresse le portrait d’une grande dame des luttes indiennes-américaines, Madonna Thunder Hawk. Le film retrace sa vie de militante, de son éveil politique à la fin des années soixante à San Francisco jusqu’à l’opposition farouche contre l’oléoduc Dakota Access PipeLine à Standing Tock en 2016, en passant par l’occupation de l’Île d’Alcatraz et le violent conflit à Wounded Knee en 1973. Il retrace ses nombreuses luttes en soutien à l’écologie pour défendre les droits de la Terre Mère ainsi que la formidable transmission de son engagement militant à sa fille Marcy.

Christina D.King et Elisabeth A.Castle se sont fixé comme objectif de repousser les frontières visuelles de la réalisation traditionnelle du documentaire pour mieux privilégier une expérience plus intemporelle qui transmette davantage la façon dont elles et les personnages principaux sont impliquées en tant que femmes autochtones et dans un contexte où elles peuvent être elles-mêmes plutôt que de passer par la vision du monde de la gouvernance, du pouvoir et de l’identité.

Leur film ne se déroule pas selon le fil de la chronologie historique mais il obéit à une structure plus viscérale, plus émotionnelle et le libérant des liens de la littéralité de l’histoire.

Les deux cinéastes écartent dans leur réalisation, le contrat implicite entre le récit et le spectateur pour mieux plonger celui-ci dans une culture autochtone généralement occultée par les institutions éducatives privées et gouvernementales.

«  Warior Women » dépasse les clichés du cinéma vérité qui met en avant le pire du comportement colonisé pour le montrer comme une représentation du réel avec un défilé de personnages emblématiques de la vie autochtone.

cinéma : Warrior Women
cinéma : Warrior Women

Le film est construit autour d’une femme et de sa fille qui représentent ensemble une génération qui a refusé de se soumettre aux puissances en place, en s’imposant activement dans la vie politique et en s’y engageant totalement.

Il met en lumière les aspects méconnus des différents mouvements auxquels elles ont participé en faisant se croiser les témoignages d’époque de Madonna et de Marcy et en révélant le processus de transmission de l’héritage militant d’une génération à la suivante.

Le comédien David Soul (il incarnait Hutch dans la série «  Strarsky et Hutch » ) qui avait filmé le grand rassemblement pour la survie dans les Black Hills organisé par Madonna en 1980, a mis des heures de films entreposés depuis quarante ans à disposition des cinéastes.

Un trésor d’images inédites où, parmi la foule, on peut reconnaître Madonna, talkie-walkie en main, dirigeant les prises de paroles des orateurs devant une assemblée de 10 000 personnes…

Le film qui est l’aboutissement de nombreuses recherches documentaires et de témoignages, apparaît comme une chaînon, un relais de la mémoire historique.

Il permet de retrouver Madonna et sa fille de nos jours, au moment où, à travers les États-Unis, elles accompagnent le film de Christina B.King et Elisabeth A. Castle, et de cette façon, poursuivent la démarche militante et témoignent de la résistance et de la résilience des femmes autochtones.

Une œuvre puissante.

Francis Dubois


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