Jeanne est partie pour le Japon près de la forêt de Yoshino, à la recherche d’une plante médicinale réputée être un remède miracle à de nombreux maux. Arrivée à destination, elle fait la connaissance de Tono, un garde-forestier qui lui propose de l’accompagner dans sa quête. Mais la recherche de la plante miracle n’est pas le seul but du voyage de Jeanne au Japon. Ce voyage est aussi pour elle, l’occasion de faire un retour sur son passé.

Car il y a vingt ans, dans cette même forêt de Yoshino, Jeanne a vécu son premier amour.

Venant après «  Les délices de Tokyo » et «  Vers la lumière » , deux réalisations de tonalités très différentes, « Le voyage à Yoshi n » fait écho à un film plus ancien de la cinéaste «  La forêt de Nogari  » où déjà la forêt était un personnage central du récit. La forêt de Nogari qui a un pouvoir mystique et mystérieux et présente le risque, quand on y pénètre de s’y perdre et d’en sortir transformé.

Ici, le voyage qu’a entrepris Jeanne, risque d’avoir le même effet, ce sera pour d’autres raisons.

La longue marche dans la forêt de Yoshino, sa rencontre avec Tono et le retour sur son passé pourraient bien, hors de l’effet magique de la forêt, la transformer.

Cinéma : Voyage à Yoshino
Cinéma : Voyage à Yoshino

Après avoir, dans ses deux films précédents, exploré des environnements urbains, Naomi Kawase a fait, avec «  Voyage à Yoshi no   » un retour à la nature et à la forêt.

Le film est une plongée dans la nature et, comme dans de nombreuses de ses œuvres, elle traite de ces choses qu’on a enfouies, perdues dans la mémoire et qui peuvent ressurgir, à tout instant, avec force.

Naomi Kawase filme la forêt à deux hauteurs. Elle filme à hauteur de leurs pas, l’avancée des personnages dans leur recherche de la plante médicinale. Mais elle filme comme une magnifique masse mouvante, les parties hautes de la forêt, les imposants feuillages quand ils sont livrés au vent.

La forêt comme un havre de silence et de tranquillité mais tout autant comme contenant une lente menace permanente.

Pour Naomi Kawase, la forêt est chargée de mystère, un lieu à la fois hostile et partenaire dont il faut tout attendre et qu’il faut célébrer pour sa duplicité et sa beauté.

Dans le contexte de la mystérieuse recherche et des rencontres, les personnages évoluent hors de la mesure du temps et Juliette Binoche, dans cette expérience cinématographique nouvelle, épouse merveilleusement par son jeu sensible, toujours à fleur de peau, l’étrangeté d’un récit aux limites du réel et pourtant bien ancré dans la réalité des sentiments.

Elle et ses partenaires japonais composent une distribution très cohérente.

Encore une très belle et envoûtante réalisation à l’actif de la toujours imprévisible Naomi Kawasé.

Francis Dubois

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