Uz, un hameau montagnard du nord du Portugal s’est vidé de ses habitants. Ils ne sont plus que quelques dizaines à vivre difficilement de l’élevage et de l’agriculture qu’ils pratiquent de façon rudimentaire.

Les plus jeunes ont émigré sauf Daniel qui, à vingt ans s’apprête à prendre la tête des exploitations restantes avec un étonnant mélange de totale implication et de candeur.

Le récit se déroule sur le cycle des quatre saisons au fil des différents travaux de la terre qui reviennent à chacune d’entre elles avec, en point d’orgue du film, les fêtes du mois d’août qui sont une tradition portugaise très forte.

Joao Pedro Placido connaît bien le village d’Uz où vivaient ses grands-parents et où sa mère est née. Sa famille partie vivre à Lisbonne, il y est revenu régulièrement en vacances et il a de ce fait grandi entre la ruralité extrême du Nord et le centre-ville de la capitale.

Très jeune, il a eu un regard critique, social et politique, mais il n’a pas voulu pour autant, faire un manifeste politique en réalisant «  Volta à terra « .

Il s’est, au contraire, appliqué à filmer le lien viscéral que les habitants d’Uz entretiennent avec la nature et les animaux, cette symbiose qui semble être le bon équilibre à atteindre entre l’homme et son environnement.

Le petit monde des habitants d’Uz semble vivre en marge de la société et ne semble jamais avoir conscience de l’existence de la politique.

Et c’est peut-être parce que les différents gouvernements n’ont jamais pensé à ces gens-là, qu’ils sont des citoyens oubliés que, bien que vivant pauvrement, il ne semble pas y avoir de crise économique dans la communauté paysanne d’Uz.

Cinema : volta à terra
Cinema : volta à terra

« Volta à terra  » ne serait pas ce qu’il est sans le personnage de Daniel qui apparaît comme une étrange figure au milieu du village.

Sa silhouette, sa gestuelle, son regard parfois effaré dégagent une dimension presque burlesque au milieu de la galerie des personnages récurrents du film.

Daniel est-il niais ou au contraire, malin et intelligent ? Il semble en tous cas heureux, conscient de ce qu’il a, de ce qu’il pourrait avoir et qu’il n’aura jamais.

Il est un homme sous certains angles et sous d’autres, il apparaît comme un enfant. Pourtant, tout le destine à devenir bientôt celui sur qui reposera la bonne marche de la communauté d’Uz.

Daniel Xavier Perreira est peut-être avant tout un comédien né, quelqu’un qui accroche la lumière et dont le visage parfois disgracieux s’anime d’une puissance, d’une gravité qui le conduisent à une surprenante beauté..

Le tournage du film a duré soixante-dix-neuf jours sur treize mois. Il fallait un long tournage pour réaliser le portrait du travail d’un agriculteur en harmonie avec les effets des saisons sur la nature.

« Volta à terra  » assortit les différentes étapes de la vie du village aux exigences de la terre et du cheptel et le calendrier du tournage s’est calé sur des événements notoires comme le bal, la récolte des pommes de terre ou celle des moissons.

Les saisons rythment la relation des habitants d’Uz à la terre et font apparaître une vraie sagesse dans leur choix de vie. Il n’y a jamais la moindre trace de résignation dans leur comportement ou dans leurs propos.

Sont-ils conscient que le fait de vivre quasiment en autarcie leur permet une précieuse indépendance vis-à-vis sur reste du pays et du reste du monde ?

« Volta à terra  » est un très beau film témoin de la résistance consciente ou inconsciente d’une poignée d’homme et de femmes, dernier représentants d’une façon de vivre à contre-courant.

Rude et généreux.

Francis Dubois


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