Zhao Li dirige une troupe d’opéra traditionnel de Sichuan composée d’hommes et de femmes qui vivent et travaillent ensemble depuis dix années dans la banlieue de Chengdu. Lorsqu’elle reçoit un courrier lui annonçant que l’îlot dans lequel se trouve le théâtre va être démoli, Zhao Li n’en dit rien aux membres de la troupe et décide de se battre pour trouver un nouveau lieu où tous pourront continuer à vivre et chanter. Mais la nouvelle de la prochaine démolition du théâtre s’ébruite et l’esprit d’équipe est ébranlé quand chacun envisage une solution de repli.

S’engage alors une lutte pour la survie de leur art…

Cinéma : Vivre et chanter
Cinéma : Vivre et chanter

C’est en réalisant une série télévisée qui relatait la vie au quotidien d’une petite troupe d’opéra chinois, qu’après avoir baigné dans une atmosphère de travail et de lutte pour survivre, que Johnny Ma qui avait aimé les personnages qu’il avait côtoyés, y a vu matière à réaliser un long métrage sur le sujet.

Après le tournage de la série, Johnny Ma est retourné en Chine, a retrouvé la troupe de la série et a passé sept mois avec eux.

Tous les membres de la troupe ne savent faire rien d’autre que de participer à l’élaboration d’un opéra. Ils n’ont pas de passeport, ils ne parlent pas d’autre langue, n’ont pas d’autres amis, ni d’autres modes de vie.

La difficulté que traversent Zhao Li et les membres de sa troupe provient du fait que l’opéra chinois est un art en mutation, qu’il faut s’adapter aux nouveaux goûts du public et aux tendances nouvelles…

L’opéra chinois est en pleine mutation car le public et ses attentes changent. L’opéra chinois est devenu une attraction pour touristes et il existe une grosse différence entre l’opéra de Sichuan et celui de Pékin destiné aux classes aisées.

Il faut sans doute voir dans la dislocation de l’opéra populaire aujourd’hui qui est le sujet du film, une métaphore d’un savoir-faire qui se perd également dans le domaine du cinéma chinois contraint lui aussi de s’adapter à un nouveau public, à des exigences nouvelles.

Le cinéma de création chinois peine à exister et lorsque Johnny Ma proposait son sujet à des producteurs ceux-ci lui posaient la question de savoir pourquoi il s’acharnait à réaliser ce genre de films alors qu’on peut gagner beaucoup plus en réalisant pour la pub !

Le théâtre dont il est question dans le film, aujourd’hui à l’abandon, a servi de décor principal au film de Johnny Ma. Il a été reconstruit pour les besoins du tournage, le spectacle qui y est joué est la vraie création de la troupe et le public, celui qui est venu, parfois de loin en autobus était un vrai public amateur d’opéra et le dispositif de prises de vue était tel que le public, ignorant sa présence, réagissait avec spontanéité, prouvant par là que ces spectacles que beaucoup trouvent obsolètes correspondent toujours à l’attente d’un public fidèle aux traditions.

«  Vivre et chanter  » est un film militant, efficace sans n’être jamais démonstratif ni insistant. Le personnage de Zhao Li est d’une telle force dans sa détermination à défendre ce sur quoi repose sa vie, que le film qui tient sur sa présence charismatique, échappe à toute mélancolie, tout épanchement inutile.

Francis Dubois


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