Agnès Varda et JR ont mis en commun leur passion et leurs questionnements pour les images en général, pour les montrer, les partager, les exposer.

Agnès s’ est chargée de la partie cinéma et JR du choix de la création de galeries de photographies en plein air.

Cinéma : Villages, visages
Cinéma : Villages, visages

Agnès Varda et JR se rencontrent en 2015 par l’intermédiaire de Rosalie Varda qui avait pressenti qu’une collaboration artistique serait possible et fructueuse entre ces deux-là.

Un premier contact a lieu. Ils décident dans la foulée qu’ils tourneraient un film ensemble, sans doute un court, en France et loin des villes.

Finalement, ce sera un long métrage et il partent ensemble pour un long périple pendant quelques jours, chaque mois.

Dans le camion photographique de JR, au hasard des rencontres ou à l’occasion de projets préparés, ils vont vers les autres, les écoutent, les filment, les photographient et parfois affichent leurs portraits géants sur des murs, des palissades, des wagons citernes.

Le film rend compte de ce projet professionnel à deux mais il raconte aussi l’histoire d’une amitié, d’une complicité qui grandissent au cours du tournage, entre surprises et taquineries espiègles autour de leurs différences.

Pour JR, il s’agit d’organiser l’affichage des photographies géantes sur des murs et toutes autres sortes de surfaces et pour Agnès Varda ce sera écouter les personnes et mettre leurs propos en valeur.

Ils ont pris la décision de ne s’intéresser qu’aux habitants de la campagne française et très vite, l’idée du village s’est imposée.

Le film joue sur les différences des deux protagonistes : JR est grand, élancé, parfois acrobate alors qu’Agnès Varda est petite et ronde L’une a deux fois et demi l’âge de l’autre. L’un voit clair, l’autre voit flou. L’un monte les escaliers quatre à quatre, l’autre s’essouffle mais il leur reste en commun la démesure créative, une grande sensibilité et une vraie facilité pour aller vers les gens, les apprivoiser, et les convertir à leurs projets.

Agnès Varda aime bien les vagabondages et les balades au hasard des rencontres sont devenues les supports de ses films. Dans « Les plages d’Agnès » elle retraçait sa vie et son cinéma à travers les espaces maritimes. Dans « Murs Murs » en 1981 ou « Les glaneurs et la glaneuse » en 2000, elle allait de rencontres et découvertes. Il en est de même dans « Visages, villages» où elle choisit des lieux au hasard et va à la rencontre de cultivateurs, d’éleveurs, de ruraux, de fils et de fille de mineurs, de dockers et de leurs femmes, de marginaux inventifs…

Agnès Varda et une flâneuse, une aventureuse qui aime bien prospecter dans les zones d’ombre, une curieuse, une séductrice.

Et si le point de départ du film était de photographier les visages de villageois et si tout du long, les murs se garnissent de photos géantes ? «Visages, villages » est un film tendre qui emprunte des chemins imprévus chargés de mélancolie et parfois, de nostalgie.

Les détours par la maison de Marguerite Yourcenar ou dans le minuscule cimetière où se côtoient le tombes de Cartier-Bresson et de son épouse ou quand Agnès Varda propose pour recouvrir un bunker sur une plage du nord, le portrait qu’elle fit autrefois d’un ami photographe disparu, les retours en arrière sont touchants.

E voilà que le film s’achève sur un rendez-vous manqué avec Jean-Luc Godard et quelques larmes qui coulent sur les joues d’Agnès…

Mais Agnès Varda n’a rien perdu de sa vivacité, de sa fantaisie, de son humour. Son talent de cinéaste fouineuse est intact.

Un régal.

Francis Dubois


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