Sophie Bernard, une actrice sinon célèbre, du moins connue, se retrouve en tournage à Montréal. C’est pour elle l’occasion de renouer avec son fils installé au Canada, qu’elle n’a pas vu depuis trois ans

Mais le soir de leur rendez-vous, Thomas est retardé par la mort accidentelle sous ses yeux, d’une jeune mère qui venait de lui confier son bébé pour quelques instants.

L’ambulancier qui transporte le corps de la malheureuse est un être tourmenté. Il a une relation amicale et complice avec Marie, une infirmière dont le passé chargé en a fait une femme qui ne trouve plus raison de vivre que dans son métier.

Ces personnages, à des lieues les uns des autres vont, portés par les circonstances, être appelés à se croiser, se frôler, se confronter…

Cinéma : Ville-Marie
Cinéma : Ville-Marie

Guy Edoin dit nourrir une véritable fascination pour le cinéma de série B des années 50 et les mélodrames américains façon Douglas Sirk.

Après visionnage de «  Ville-Marie « , on penserait plutôt aux mélos italiens de cette époque, aux films de Raffaello Mataroza comme «  Le fils de Personne  » ou «  Le mensonge d’une mère  » d’autant plus que dans «  Rue du Paradis  » (le film dans le film) Monica Bellucci est la réplique troublante d’Yvonne Samson, vedette italienne de l’époque qui s’était spécialisée dans l’interprétation de mères sacrifiées.

«  Ville-Marie  » aurait dû marquer plus de différence entre le film dans le film qui s’autorise tous les poncifs du genre (décor outrés, costumes, perruques, maquillages, sur-jeu des comédiens) et le film lui-même.

Or, les thèmes porteurs de l’un avec au centre, celui de la maternité par exemple, se confondent avec ceux de l’autre.

Dans le film dans le film, comme dans le film de Guy Edoin, les personnages sont beaucoup trop chargés et les articulations du scénario beaucoup trop visibles.

Les questions qui constituent le fil narratif de «  Ville-Marie  » restent posées.

Pourquoi Sophie Bernard s’obstine-t-elle à ne pas dévoiler le nom de son père à Thomas ? Pour entretenir coûte que coûte un mystère qui au final n’en est pas un ?

Par quel hasard, ce sont les ambulanciers apparus au début du film qui renversent le jeune homme, accident qui entraîne Sophie Bernard dans un regain de maternité.

L’idée d’un double mélodrame n’était sans doute pas une mauvaise idée mais il aurait fallu être plus subtil dans les traitements de la fiction et de la fiction dans la fiction.

Une acrobatie narrative dans laquelle Guy Edoin ne se montre pas vraiment habile.

Cependant, il reste intéressant de voir Monica Bellucci jouer les mères éprouvées. Sa silhouette sculpturale et son beau visage pathétique conviennent bien à l’exercice…

Francis Dubois


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