Amador Coro a purgé une peine de prison pour avoir, dans le passé, provoqué un incendie.

A sa sortie, il n’a eu d’autre solution que de retourner dans le petit village perché des montagnes de la Galice où vit sa vieille mère. Bénedicta a survécu à l’absence de son fils et s’est longtemps occupée seule de la marche de la modeste ferme et du maigre cheptel qui l’a aidée à subsister…

Dorénavant en compagnie du silencieux Amador, sa vie s’écoule à un rythme apaisé, dicté par la nature et les saisons. Jusqu’au jour où un terrible incendie se déclare qui va dévaster le région….

Cinéma : Viendra le feu
Cinéma : Viendra le feu

La Galice est l’une des régions d’Europe les plus affectées par les incendies.

Ces feux peuvent être provoqués par la foudre ou par des négligences diverses. Mais dans le plupart des cas, ils sont provoqués : un feu qui échappe à la vigilance quand les paysans l’utilisent pour régénérer leurs terres ; le feu utilisé comme une arme de protestation politique…

La figure de l’incendiaire est l’une des plus diabolisées et le souvenir de ce dont il était accusé persiste dans les mémoires.

Amador était-il coupable ? S’est-il réconcilié avec le monde ou la nature, est-il récidiviste, était-il innocent ? On peut se poser toutes ces questions tout au long du film.

«  Viendra le feu » nous fait partager le quotidien d’Amador, de sa mère Bénedicta et de leurs animaux dans des espaces vallonnés, largement boisés, perpétuellement brumeux, boueux et accidentés. De rares événements viennent rompre avec la monotonie des journées, les obsèques d’un voisin ou une vache enlisée dans une pièce d’eau qu’il faut secourir, la visite de la vétérinaire et de rares échanges avec un groupe d’ouvriers employés à la remise en état d’une maison voisine éboulée.

La vaillance de Bénedicta, toujours en mouvement n’a d’égal que le mutisme d’Amador, sa nature impénétrable…

Le film se divise en deux parties contrastées. Le déroulement des journées de la mère et du fils auquel succède, soudain, l’incendie ravageur, la maigre riposte des pompiers et des habitants disposant de peu de moyens pour lutter.

«  Viendra le feu  » nous transporte dans un autre monde aux derniers moments de son existence, celui de gens de la terre, modestes, qui n’ont sans doute jamais connu d’autres décors que celui où il finiront leurs jours, où les seuls plaisirs consistent à un moment de pause, au découpage parcimonieux d’un morceau de pain dont Bénedicta savoure chaque bouchée, à un moment d’échange mère-fils, à une visite hâtive qu’on espère pouvoir prolonger un instant.

«  Viendra le feu  » est un film magnifique où l’aridité des paysages sauvages « redoutablement » beaux sont à couper le souffle d’ampleur et de tristesse….

Une histoire de la survivance d’un monde finissant. Un film comme le cinéma ne nous en offrira bientôt plus….

Francis Dubois


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