Victoria Spick est une avocate pénaliste qui traverse une zone de turbulences dans sa vie personnelle.
A un banquet de mariage où elle a été invitée, elle retrouve coup sur coup son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a récemment défendu et tiré d’affaires.
Le lendemain Victoria apprend que Vincent a été accusé par sa compagne de tentative de meurtre.
Aucun témoin de l’agression pour soutenir la thèse de l’innocence sauf…le chien de la victime mais celui-ci ne sera-t-il pas plutôt un témoin à charge ?
Vincent demande à une Victoria peu convaincue de le défendre alors qu’en panne de baby-sitter celle-ci a embauché Sam comme jeune homme au pair.
Mais la vie de l’avocate est un long chemin chaotique. Esprit complexe, prise dans une tourmente émotionnelle, elle pratique l’art de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et de se confier à tort et à travers.
Justine Triet qui avait précédemment réalisé « La bataille de Solférino » réussit avec « Victoria » une comédie grinçante aux ressorts dramatiques atypiques et au centre de laquelle évoluent deux personnages imprévisibles : une femme de quarante ans de prime abord sûre d’elle et déterminée mais à mieux y regarder, paumée et fragile, et un jeune hurluberlu moins égaré qu’il n’y parait, qui va révéler des qualités humaines et être d’un grand secours pour l’avocate dans les pires moments qu’elle va traverser.
Victoria semble être facilement débordée chez elle avec ses deux petites filles et dans le cadre de son travail où elle perd facilement pied
Peu sûre d’elle au moment de prendre une décision, elle multiplie les rendez-vous d’aide, que ce soit avec une amie, un psy, une voyante, un acupuncteur mais son défaut majeur, toujours dans le même état d’esprit, est de se laisser aller à faire des confidences sans retenue et souvent à de mauvaises personnes.
Elle parle de ses angoisses professionnelles aux hommes avec lesquels elle devrait coucher, de son ex à une cliente qu’elle devrait défendre, de son deuxième psy à son premier…
Le film ne fait pas mouche à tous les coups et malgré l’abattage de Virginie Efira, il faut attendre d’assister au procès de Vincent pour qu’on entre dans une phase narrative originale et inédite qui requinque l’ensemble.
La réalisatrice parvient à renouveler le film « de procès » avec l’intervention d’un chien qui vient témoigner à la barre, d’un chimpanzé, d’une petite culotte (clin d’œil à « Autopsie d’un meurtre » d’Otto Preminger) et une plaidoirie efficace qu’elle développe sous l’effet de tranquillisants.
Pour sa mise en scène, Justine Triet a lorgné du côté de la comédie américaine, Billy Wilder et Blake Edwards sans en atteindre jamais la subtilité et la maîtrise.
Les personnages collent à une réalité toute contemporaine pour aller dans la légèreté.
Le chômage, la famille monoparentale, la difficulté à garder la tête hors de l’eau même quand on appartient à la tranche sociale privilégiée…
Les compositions savoureuses des comédiens qui s’ajoutent à des moments réussis dans les registres de la comédie, donnent au final un ensemble plutôt réjouissant, bien rythmé dont on ressort amusé.
Francis Dubois
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