Victor et Ben, deux jeunes trentenaires employés coiffeurs, ont pris la décision d’ouvrir leur propre salon de coiffure. Tout est en place pour que leur projet se réalise mais Ben sans doute victime de sa nature enthousiasme et de son appétit de vivre, meurt dans un accidente de moto. Victor doublement affecté par la mort de son meilleur ami et par la fin d’un projet qui lui tenait à cœur a du mal à accepter ce sale coup du sort.

Célia avec qui il a partagé un épisode amoureux auquel il a indirectement mis un terme, elle aussi coiffeuse, ne pourrait-elle pas, en devenant l’associée de Victor, voir le projet avec Ben se remettre sur les rails.

Mais il reste entre eux le contentieux d’une histoire d’amour bâclée et le fait que connaissant la nature fluctuante de Victor, Célia soit réticente à se lancer avec lui dans une association.

Finalement Célia se laissera convaincre mais ses réticences à se lancer dans la création de ce salon de coiffure avec Victor n’auront rien été, comparées aux difficultés multiples qu’ils vont rencontrer dans la constitution du dossier, dans les tracasseries administratives, les autorisations contrariées, les problèmes de voisinage….

Cinéma : Victor et Célia
Cinéma : Victor et Célia

Le problème de Pierre Jolivet est qu’il a visé deux lièvres à la fois. Qu’il a voulu réaliser une comédie mais qu’il a souhaité l’habiller d’une enveloppe sociale.

La comédie fonctionne bien, soutenue de bout en bout par les deux jeunes comédiens très efficaces dans la légèreté de ton, dans le vivacité de jeu que sont Arthur Dupont et Alice Bélaïdi en parfaite harmonie à tous niveaux, tous les deux beaux à ravir.

Mais la comédie est sans cesse contrariée dans son développement cocasse par le détail presque technique des difficultés que rencontre leur projet. Une énumération qui devient presque comme le catalogue de tout ce qui pourrait survenir en obstacle.

Le projet de l’ouverture d’un commerce à deux ne suffisait certainement pas à nourrir une heure et demi de comédie et les obstacles administratifs étaient une bonne idée pour créer des ruptures de ton et des digressions mais à la condition que la liste des empêchements qui surviennent systématiquement et remettent sans cesse le projet en question soit moins abondante et qu’elle ne prenne pas le pas sur le rythme et la légèreté de la comédie.

Au final les deux assises narratives sur lesquelles fonctionne «  Victor et Célia  » arrivent à égalité et cet équilibre devait fatalement finir par coûter son efficacité à l’une ou à l’autre ; et si au bout du compte la comédie sort victorieuse avec une happy-end inattendue, prometteuse et pleine de fraîcheur, elle aura parfois été bien mise en difficulté.

Mais la comédie parfois malmenée peut-elle en vouloir à Pierre Jolivet d’avoir abordé les problèmes multiples techniques et administratifs auxquels se heurtent des jeunes gens qui veulent monter leur propre entreprise à une époque où semblait-il, on les y encourage ?

Francis Dubois


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu