Serge est le vendeur le plus performant de la société où il est employé.
Depuis trente ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins garantissant à ses supérieurs un retour sur investissement sans défaut.
Il a tout sacrifié pour cela : sa femme, ses amis, le suivi de sa santé, son fils Gérald qu’il n’a pas vu grandir.
Quand Gérald demande à son père de lui trouver un travail afin de financer les travaux de rénovation d’un restaurant qu’il projette d’ouvrir avec sa compagne, Serge accepte qu’il soit embauché comme vendeur dans la même société que lui.
Contre toute attente, Gérald se révèle un excellent vendeur.
Qui sont les deux personnages de « Vendeur » ?
Le père, Serge, la cinquantaine, que l’exercice de son métier a depuis longtemps tenu à distance de lui-même et des autres, qu’aucun lien profond ne relie à ses proches : un père vieillissant et lointain et un fils épisodique.
Le fils, Gérald, chez qui tout indique qu’il a hérité de son père un désir de réussite.
Il a connu un démarrage hasardeux dans la gérance d’un premier restaurant qu’il n’a pas su conduire à une renommée et veut, partant sur de nouvelles bases, réussir là où il avait échoué.
Le duo Gilbert Melki –Pio Marmai est le socle sur lequel repose le film de Sylvain Desclous mais, même si le talent des deux comédiens n’est pas en cause, il se dégage de l’exercice de leurs partitions une sorte de nonchalance qui rejaillit sur le rythme du récit et laisse l’impression que cette lenteur n’était pas le choix narratif du réalisateur.
Un scénario un peu traînant a parfois recours à des séquences attendues : la maladie annoncée de Serge permet à Gérald de se révéler bon vendeur en même temps qu’elle offre au quinquagénaire de renouer avec un père perdu de vue depuis des lustres et de redécouvrir le plaisir des sentiments filiaux.
Sur l’affiche du film, on peut lire au-dessous du titre « La famille, ça n’a pas de prix ».
Le déroulement du récit n’en fait pas la franche démonstration. Si ce n’est qu’on assiste à la toute fin du film au rapprochement, cette fois-ci plus solide, entre Serge et Gérald.
C’est peut-être les deux épisodes où l’on voit le coach entraîner les vendeurs à la performance qui constitue l’intérêt du film et lui donne sa dimension sociale.
L’étude rapide mais efficace de ce microcosme dont le fonctionnement repose essentiellement sur le rendement est très réussie.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu