Chef opérateur régulier de Yann Arthus-Bertrand, Emmanuel Cappellin a commencé à réaliser ce documentaire à l’occasion de témoignage recueillis dans divers pays à propos des conséquences du changement climatique et de rencontres avec des scientifiques qui travaillent sur le sujet. A cette occasion, il a voyagé entre la Chine et Singapour sur un énorme porte-conteneur. Fendant les flots, insensible à la houle, ce colosse des mers lui a semblé une métaphore de la puissance de l’action humaine et de l’inertie qui semble empêcher tout retour en arrière, si on continue à exploiter les ressources de la terre comme on l’a fait jusqu’à présent.

Il est alors parti à la rencontre de scientifiques qui vont éclairer la thématique. Chacun d’eux va apporter un élément du puzzle, connaissances ou propositions. Marc Jancovici, ingénieur et professeur spécialiste de l’énergie et du climat, pose les connaissances de base en faisant le lien entre la question des énergies fossiles et le réchauffement climatique. La caméra offre ensuite des moments d’émotion avec la rencontre en Californie, de l’écrivain américain, fondateur du Post Carbon Institute, Richard Heinberg. Plutôt pessimiste, il a en accord avec sa femme décidé de ne pas avoir d’enfant, mais essaie malgré tout de maintenir l’espoir d’un changement de comportement dans le monde. Il emmène toujours son violon dans les conférences internationales auxquelles il participe, jouant avec certains intervenants lors de moments d’une douceur apaisante. Emmanuel Cappellin nous entraîne ensuite à Saillans, village de la Drôme connu pour son expérience de démocratie directe, où il habite. Il y accueille une conférence de Pablo Servigne, co-auteur du terme « collapsologie » venu présenter son livre Comment tout peut s’effondrer. Le débat permet de s’interroger avec les habitants de la petite ville sur l’action politique indispensable. Le quatrième intervenant est le Bangladeshi Saleemul Huq, expert du GIEC, voix des plus pauvres dans les conférences internationales. Il nous entraîne dans un des villages du Bangladesh sans cesse menacé par la montée des eaux, où les villageois rappellent la responsabilité des pays riches mais imaginent aussi des parades locales. Enfin Susanne Moser une géographe allemande s’intéresse aux émotions de ceux qui risquent de tout perdre avec le changement climatique et offre une vision plus philosophique de la question.

La construction du film est intelligente et capte l’attention du spectateur sans la laisser filer. Il glisse de la science aux émotions personnelles, de l’international au petit village de la Drôme, de la parole des experts à celle des habitants de Saillans ou du Bangladesh et à celle du réalisateur lui-même, puisqu’il s’est inclus dans le film pour apporter une note personnelle. Il ne cache pas son appartenance au Mouvement Extinction Rébellion, dont on voit des actions de désobéissance civile non violentes. C’est un film militant et engagé, qui met l’accent sur nos responsabilités et sur la nécessité de l’engagement de chacun pour éviter la catastrophe. L’épidémie actuelle contribuera-t-elle à réveiller les esprits ?

Micheline Rousselet

« Une fois que tu sais » – film écrit et réalisé par Emmanuel Cappellin (France) – Sortie en salle prévue le 22 septembre 2021

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