Tara est une jeune mère qui mène une vie paisible dans la banlieue de Londres. Elle n’a aucune activité professionnelle et sa condition de femme au foyer limite l’emploi du temps de ses journée à la prise en charge de ses enfants, l’entretien de la maison et l’attente en fin de journée du retour de son mari. Cette vie calme et rangée va finir par lui peser jusqu’au jour où elle se rend compte qu’elle ne peut plus supporter la situation.

Elle décide dans un premier temps de s’accorder du temps : elle commence à se promener dans Londres et tombe sur un livre qui va lui donner l’idée d’aller suivre des cours d’art.

Mais ce désir de liberté se heurte à l’incompréhension de son mari qui n’est pas un mauvais homme mais ne comprend pas pourquoi une existence oisive n’est pas à la convenance de cette épouse qu’il juge capricieuse.

Un jour, elle plie bagage et abandonne tout et ses enfants derrière elle.

Or, la liberté à laquelle elle a beaucoup cru s’avère être bien décevante….

Cinéma : Une femme heureuse
Cinéma : Une femme heureuse

L’histoire n’est pas très neuve d’une femme que sa vie sans relief ennuie et qui tente une échappée,

peut-être pour se prouver inconsciemment qu’il ne sert à rien à quitter la proie pour l’ombre….

Car «Une femme heureuse» est une histoire qui obéit aux règles de la bonne morale bourgeoise et c’est peut-être paradoxalement la seule originalité d’un scénario très attendu, cette fin heureuse qui voit tout rentrer dans l’ordre et la languissante au bercail.

Le film, tel que l’a réalisé Dominic Savage serait sans doute bien lancinant si les deux comédiens qui interprètent l’homme et la femme du couple n’avaient pas, à son avantage, la subtilité de jeu de la flamboyante Gemma Arterton et la composition magnifique de Dominic Cooper.

La présence de la comédienne est fascinante. Puissante stature toute en interrogation, Tara a cette façon unique de s’interroger sur elle-même, de regarder son ennui droit dans les yeux, de se laisser submerger par celui-ci jusqu’à en faire son complice, le moment venu, le jour où elle prendra la décision de partir de la maison.

Gemma Arterton à l’art du geste, de la posture mais elle a dans son jeu comme des étincelles au détour du moindre regard.

Dominic Cooper n’est pas en reste quand il compose un mari d’autant plus égoïste qu’il n’en a nullement conscience, amoureux maladroit avec ça et là des fulgurances magnifiques.

Dommage que Jalil Lespert ne soit parvenu qu’à composer un personnage d’amant d’une nuit, attendu, sans relief, alors qu’il avait matière à sortir de l’ornière d’un personnage que son interprétation sage limite au cliché.

Mais le film tel quel aura ses défenseurs et ses adeptes.

Car grâce aux deux comédiens, les clichés du scénario finissent par dégager une petite musique qui peut séduire et emporter l’adhésion.

Tout est dans la façon assumée et sans originalité apparente de traiter pour la tourner à l’avantage du film, une brèche ouverte depuis Flaubert et Madame Bovary

Francis Dubois


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