Pendant la guerre en Syrie, de nombreuses familles sont piégées dans leurs habitations par les bombardements et les tirs de snipers.

«Une famille syrienne» rend compte d’une journée dans la vie à chaque instant menacée, d’une famille composée d’une mère, de ses trois enfants auxquels s’ajoutent, dans une clandestinité imposée, un aïeul calme et résigné, une jeune servante dévouée et vigilante, un neveu pris dans la tourmente et une jeune voisine et son bébé dans l’attente du retour de son mari et de leur prochain départ pour une destination hors de l’étau de la guerre…

Cinéma : une famille syrienne
Cinéma : une famille syrienne

Le premier film de Philippe Van Leeuw, «Le jour où Dieu est parti en voyage » abordait le sujet du génocide au Rwanda.

Pour sa seconde réalisation, il est parti de cette même colère et de ce sentiment d’impuissance qu’on peut ressentir face à des événements terribles qui se passent sous nos yeux.

Parti de l’idée qu’on voit souvent dans des reportages, à la télévision notamment, beaucoup d’images de conflits armés, qu’il est question d’acte de torture, il a plutôt voulu voir comment se débrouillent et se comportent au quotidien, dans ce contexte terrible, dans cette réalité trop souvent rendue abstraite tant elle se répète, ces personnes qui sont devenues des otages.

Dans son nouveau film, il a souhaité mettre des images sur des individus qui subissent la guerre chaque instant de chaque jour et pour lesquelles les options politiques qu’ils pourraient avoir se dissolvent dans l’urgence des situations auxquelles ils doivent faire face pour épargner leurs vies et celles de leurs proches.

Même si le camp auquel appartient Philippe Van Leeuw ne fait pas de doute et s’il pense que Bachar Al Assad et ceux qui le soutiennent sont des tortionnaires, dans « Une famille syrienne» , il n’est pas question de politique et le propos se situe en dehors de toute polémique partisane.

Le propos du film est de se situer au cœur de l’humain dans un contexte historique et géopolitique aussi réduit que possible.

Dans ces conflits, la violence faite aux femmes est une véritable arme de guerre.

La femme, c’est le point d’ancrage, celle vers laquelle on se tourne, on revient, celle qui permet le mouvement et l’action.

Détruire la femme ou la neutraliser revient à détruire l’énergie, la volonté et la raison de se battre du combattant.

La femme du film qui fait face à ses agresseurs pendant que les occupants clandestins de la maison se réfugient dans la cuisine est une forme de métaphore.

Ceux qui entendent tout et ne font rien, c’est chacun de nous et le jeune femme violentée pendant ce temps, c’est la Syrie.

La tragédie du peuple syrien nous concerne tous mais il manque certains éléments pour comprendre pourquoi ces gens tentent de trouver refuge.

Le film éclaire sur les raisons pour lesquelles on les a vus se précipiter sur les routes et frapper à nos portes.

L’enjeu du film n’est pas de nous expliquer le conflit syrien. Le film aborde la guerre du point de vue de la victimisation de l’être humain pris de telle façon dans une machine tellement énorme et dévorante, que les personnes concernées ne sont même pas conscientes de ce qui se passe.

Un film puissant dont la force est bien sûr dans l’enjeu mais dans une forme presque théâtrale et un mouvement constant. Le mouvement incessant qui permet de survivre.

Francis Dubois


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu