En 1789, le peuple de Paris misérable et affamé, entre en révolution.

«Un peuple et son roi» croise les destins de femmes et d’hommes du peuple et des figures historiques qui ont accompagné cet épisode de l’histoire. Leur lieu de rencontre est la toute jeune assemblée nationale. Le surgissement de la République coûtera sa tête le roi Louis XVI.

La liberté a une histoire; celle d’un peuple en révolte et ici, dans « Un peuple et son roi» , celle de Basile, de Françoise, de Margot ou d’un souffleur de verre et sa femme…

Cinéma : un peuple et son roi
Cinéma : un peuple et son roi

Après «Versailles » et «L’exercice de l’État » deux films qui traitaient de sujets d’actualité, Pierre Schoeller plonge ici dans le passé et nous entraîne dans l’ immersion des trois premières années de la Révolution, de 1789 à 1793, des premiers mouvements de révolte jusqu’à l’exécution du roi.

Le film commence avec un déclic social, celui d’un peuple qui se met à imaginer une autre existence, une autre société.

« Un peuple et son roi» fonctionne sur deux plans de narration: sur la fresque historique de la Révolution prise dans son mouvement général et sur l’intimité de quelques personnages qui appartiennent au mouvement général.

Le fil historique des faits et les parcours individuels se rejoignent et donnent au récit dans sa totalité deux vibrations différentes et si le film reste constamment sur une ligne politique, il est aussi, une fresque humaine.

Le film de Pierre Schoeller trace cet épisode de l’histoire de France à hauteur d’homme..

«Un peuple et son roi » fait vivre à la fois la grande et la petite histoire grâce à une écriture qui respecte la vérité historique avec une grande précision sans se priver d’avoir recours à un romanesque légitime, en juxtaposant dans une construction virtuose les destins individuels et étapes décisives de la Révolution.

Au milieu du déroulement de la Grande Histoire, le récit fait vivre une petite communauté humaine au fond d’une ruelle du quartier de la Bastille : Basile, le personnage sans nom (auquel Gaspard Ulliel donne mystère et émotion), Françoise (toujours parfaite Adèle Haenel), Margot (Izia Higelin), deux jeunes lavandières, un souffleur de verre (Olivier Gourmet) et sa femme (toujours surprenante Noémie Lvovsky), portraits soignés de la diversité et de la détermination du petit peuple.

Des personnages qui, au hasard du cours tumultueux des événements qui jalonnent les trois années tumultueuses, croisent les grandes figures historiques : le Roi Louis XVI -Laurent Lafitte remarquable dans une partition presque totalement silencieuse-, un Robespierre fougueux mais mesuré qui n’est pas encore celui de la terreur (Louis Garrel), le sulfureux Marat (Denis Lavant) un Saint-Just à la silhouette juvénile (Niels Schneider)

Le film de Pierre Schoeller déjoue les pièges de l’imagerie attendue. On doit sans doute cette qualité essentielle du récit au choix qu’il a fait d’éviter les plans d’ensemble pour donner la préférence aux vibrations des individualités, à des personnages tous minutieusement dessinés et superbement interprétés.

Un œuvre d’envergure toute en émotion et en demi-teintes dont il ne reste plus qu’à espérer que le public reconnaîtra à sa juste valeur.

Francis Dubois


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