Sonia Bonet ne parvient pas à obtenir les médicaments qui pourraient sauver la vie de son mari alité dans de terribles souffrances.

Prête à tout pour pouvoir poursuivre un traitement qui avait amélioré l’état du malade, elle part en lutte contre une compagnie d’assurance, aussi négligente que corrompue, qui refuse de prendre en charge la thérapie.

Munie d’une arme dont elle est prête à se servir pour arriver à ses fins, elle va se retrouver prise dans une vertigineuse spirale de violence en compagnie de son fils adolescent.

Cinema : un monstre à mille têtes
Cinema : un monstre à mille têtes

Si le thème social du sujet abordé est développé dans le film de Roberto Pla, (la difficulté d’accéder à des soins médicaux onéreux dans une société pervertie favorable aux calculateurs, aux nantis, à une médecine à deux vitesses), il est ici doublé d’un traitement cinématographique auquel le film social n’est généralement pas assorti, le film de genre.

Même s’ils sont traités en réduction, tous les éléments du genre existent dans le film. Usage d’une arme, présence de policiers, séquestration d’individu, poursuites en voiture, scènes de parking glauques sont là, même si le scénario est sans cesse remis sur le rail de ce que vivent et ressentent les personnages.

Ce qui vient contrebalancer l’appartenance du récit au film de genre, c’est le principe d’une narration fragmentée qui permet d’aller à chaque fois au-delà de l’intrigue principale, de la dépasser.

En optant pour le choix de mêler plusieurs points de vue, le metteur en scène enrichit son histoire, lui donne une consistance empreinte d’humanité, lui permet de prendre de la distance par rapport aux vicissitudes et aux émotions de Sonia Bonet, tout en offrant une plus grande latitude dans l’interprétation de ses faits et gestes.

De nombreux jeux avec des miroirs reflètent et distordent le regard forcément subjectif porté sur le personnage central. Ils permettent de laisser plus de place à l’empathie mais également à la peur et au rejet, en fonction du vécu de chacun des personnages qui croise le route de cette femme.

Pourtant, alors qu’il aborde des sujets graves (l’amour, la maladie, la mort, le sens des responsabilités), «  Un monstre à mille têtes  » (invincible ?) témoigne d’un sens de l’humour très sec et d’une ironie cinglante en faisant ressortir ce qui, même dans les moments les plus dramatiques, demeure absurde ou ridicule.

Le film est porté par l’interprétation de Jana Raluy, une comédienne formidable, capable de jouer sur une très large palette d’émotions et qui donne à merveille un personnage à la fois déterminé et fragile.

Une œuvre dont la singularité et l’originalité narrative, renforcent la portée des sujets abordés.

Francis Dubois


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