Dans l’été caniculaire de Changsha, ville située au cœur de la Chine, l’inspecteur Bin enquête sur une drôle d’histoire, la disparition d’un jeune homme dont on a retrouvé le bras sur les bords de la rivière Xiang. Les indices font défaut pour le conduire à l’éclaircissement de cette affaire énigmatique jusqu’au jour où se présente à lui une mystérieuse chirurgienne qui s’annonce comme étant la sœur de la victime.

Cinéma : Un été à Changsha
Cinéma : Un été à Changsha

A travers cette disparition, l’enquête qui s’ensuit, l’arrivée d’un personnage qui à chaque fois qu’il dissipe le mystère semble l’épaissir, l’histoire fait un pas de côté dans son déroulement pour poser une sorte de question universelle qui pourrait être : « comment faire face aux secrets enfouis de son passé et avancer dans le vie malgré tout ».

La ville de Changsha où se déroule l’action du film joue un rôle essentiel dans cette histoire tant il en émane une atmosphère faite d’un mélange de banalité et d’étouffement. Changsha est la ville natale du scénariste, une ville qui a la particularité de n’avoir aucune spécificité régionale en dehors de la chaleur et du degré élevé d’humidité qui rendent l’air particulièrement irrespirable en été.

Le début du film est marqué par l’enquête policière. Tout prête alors à penser que l’ «  Été à Changsha  » sera un thriller. Mais très vite, l’enquête policière va passer au second plan et surtout servir à tenter de faire la lumière sur les situations croisées et compliquées des personnages, sur leurs destins brisés et conduire à introduire dans le récit une histoire amoureuse dans laquelle chacun découvre que l’autre est pris au piège de son passé. Et finalement, la romance, tout comme le thriller annoncé au départ, vont élargir le champ narratif et laisser place à des liens affectifs et à des croyances en un autre monde.

Selon comment on se place, selon l’importance qu’on peut continuer à accorder à l’enquête du commissaire Bin, se laisser prendre par l’histoire amoureuse ou par la recherche de la véritable identité des personnages, des liens qui les unissent ou les ont unis, toutes les options bénéficient de la même opacité du récit doublée de l’atmosphère qui étreint cette ville et devient oppressante à force de l’étouffement caniculaire et de sa banalité.

Pour apprécier ce récit singulier, il faut se laisser porter, s’en tenir à l’immédiateté de chaque séquence et laisser le puzzle se mettre en place. Se laisser étouffer par l’atmosphère caniculaire, se laisser prendre par une sorte de curiosité jamais pleinement satisfaite mais sans cesse relancée et qui nous amène parfois à des moments de douce fascination…

Francis Dubois


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