Depuis maintenant plusieurs années, Ulysse vit retiré avec comme seul compagnon, Joseph son chien, dans un vieux manoir en pleine forêt. Au moment où il avait atteint la notoriété dans le domaine artistique, il a définitivement mis un terme à sa carrière prometteuse.

Mona a vingt ans. Étudiante aux Beaux Arts et admirative de l’œuvre d’Ulysse, elle décide un jour d’aller à sa rencontre.

Cinéma : Ulysse et Mona
Cinéma : Ulysse et Mona

Le cinéma de Sébastien Betbeder est à découvrir. Ses films, tout en demi-teintes, dégagent une musique très personnelle sur des trames généralement simples.

Depuis «  Les nuits avec Théodore », un moyen métrage remarqué à sa sortie en 2012 qui réunissait pour une curieuse histoire nocturne, dans le parc, Pio Marmaï et Agathe Bontzer, il a réalisé quatre longs métrages : «  2 automnes et trois hivers  » en 2013 et, coup sur coup, deux autres en 2016, bien reçus par la critique «  Marie et les naufragés  » et un surprenant « Voyage au Groenland  ».

Aujourd’hui, il nous propose « Ulysse et Mona », l’histoire toute simple de la rencontre d’un ermite qui s’est coupé du monde avec une jeune fille qui est tout le contraire, spontanée, curieuse et gourmande de la vie.

« Ulysse et Mona » est une histoire linéaire, un récit à deux personnages principaux et quelques autres qui apparaissent le temps d’une scène ou deux et qui disparaissent après.

C’est un film sans complexité narrative qui suit les personnages au plus près de leurs sentiments.

Ulysse est dans une opposition à son époque, quelqu’un qui ne comprend plus le présent, qui a fui le monde pour ces raisons-là.

Si l’art est la toile de fond du film (Ulysse est un artiste en rupture de bans avec son passé et Mona est étudiante aux Beaux Arts), on ne voit aucune œuvre d’art dans le film.

On pourrait rapprocher «  Ulysse et Mona » du conte. Plusieurs éléments orientent ce film dans ce sens ; l’homme solitaire retiré du monde, le vieux château qu’il habite, la forêt, le personnage d’Ulysse intègre et pur et face à eux, le jeune fille pure et pleine d’illusions et la présence d’un enfant.

Le film a, de plus une dimension parfois magique, irréelle, ce qui le met à l’écart de la pure fiction et introduit une part de poésie dans le récit.

Sébastien Betbeder charge les personnages secondaires de la part de réalisme du récit : Alice l’ex femme d’Ulysse et son nouveau compagnon, Nicolas le fils d’Ulysse, le médecin, Camille le petit ami de Mona ou le capitaine de gendarmerie.

Il met tous ces personnages qui ont les pieds dans le vraie vie face au trio Ulysse-Mona et Arthur qui ont choisi une voie différente.

A la famille officielle d’Ulysse, sa femme, son fils, son frère se substitue celle qu’il s’est fabriquée. Mais la question que pose le film est : peut-on désapprendre à aimer ses proches et à créer des liens aussi forts avec une inconnue ou un ami ?

Le présence au générique du film d’Eric Cantonna (au jeu sensible et attachant) permettra-t-elle à Sébastien Betbeder de passer la rampe de la reconnaissance du public ?

Il le mérite et on le lui souhaite.

Francis Dubois


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