Lucia est géomètre et elle élève seule sa fille. Toujours sur le qui-vive, elle tente de trouver le meilleur équilibre entre les problèmes que lui pose sa fille adolescente, sa relation avec son ex-compagnon et l’exercice de son métier où elle confrontée au quotidien à une société très masculine.
Lorsqu’elle se voit confier le projet de chantier d’un centre commercial, elle voit dans la proposition de sa hiérarchie la reconnaissance de ses capacités professionnelles.
Mais elle déchantera très vite quand elle découvrira que les responsables du projet sont des personnes corrompues.
Par peur de perdre son travail, elle choisit de garder le silence.
C’est alors qu’une mystérieuse apparition la plonge dans de nouvelles hésitations. Celle-ci qui pourrait être la vierge lui demande d’empêcher le projet du centre commercial d’aboutir afin que soit bâtie une église à la place.
Même si Lucia ne croit pas aux miracles, elle va rapidement se trouver face à un nouveau dilemme.
« Troppa Grazia » est un film réunissant des extrêmes qui peuvent rester en contact ou au contraire, demeurer incompatibles.
C’est l’histoire d’une femme confrontée au réel et qui, tout à coup, se retrouve mise face à un événement surnaturel qu’est l’apparition de la Vierge Marie.
A la place du projet très concret de la construction d’une centre commercial survient la demande, voire la mise en demeure, de faire ériger une église.
Selon la dose d’humour qu’il mettrait dans cette histoire ou l’importance qu’il réserverait à l’événement surnaturel, Gianni Zanasi avait le choix entre plusieurs options narratives : réaliser une sitcom irrévérencieuse ou ouvrir une réflexion sur la religion dans notre société.
Mais dans tous les cas, une priorité s’imposait : faire de Lucia un personnage légèrement décalé pour lequel on aurait de l’empathie.
« Troppa grazia » n’est pas un film avec un point de vue religieux.
La Madone du film n’est pas celle de la Bible. Elle est simplement la Madone de Lucia. Une incarnation schizophrénique de la capacité à croire.
Alors qu’elle est bouleversée par les événements, peut-être Lucia se réfugie-t-elle dans la capacité qu’elle a (ou qu’elle découvre en elle) d’opérer un retour dans le pouvoir imaginatif de l’enfance.
Il fallait s’y prendre avec une grande dextérité de la part du réalisateur pour faire cohabiter dans le même récit les problèmes terre à terre auxquels doit faire face une femme de quarante ans, bourrée de questionnements ordinaires et le surnaturel d’une apparition de la vierge.
Gianni Zanasi y parvient souvent, pas toujours mais la crédibilité du film repose surtout sur l’interprétation toute en finesse d’Alba Rohrwacher, son élégance naturelle et un jeu légèrement décalé qui fait la liaison entre les deux couleurs narratives contrastées du récit.
Francis Dubois
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