Chaque année, Edgar et Marta qui appartiennent à la classe de la finance du Brésil organisent une grande fête dans la luxueuse résidence d’été qu’ils possèdent près de Rio de Janeiro. La réception est organisée de main de maître par la gouvernante Mado, très dévouée à la famille depuis des années et par les autres employés de la maison.

Mais, en l’espace de trois étés tout bascule. Le monde d’Edgar et Marta implose balayé par des montages financiers hasardeux. Et quand ils se trouvent ruinés, Mado va se retrouver bientôt en charge de la propriété, une situation dont elle va tenter de tirer le meilleur profit.

« Trois étés  » dresse le portrait d’une société néo-libérale à bout de souffle, trahie par ses démons.

Cinéma : Trois étés
Cinéma : Trois étés

Depuis plusieurs années, de nombreux événements liés à des manœuvres financières frauduleuses ont eu lieu débouchant sur des procès qui ont passionné les brésiliens au point qu’on racontait (et ce n’est pas totalement une boutade) que chaque brésilien qui connaissait le nom de chaque joueur de l’équipe nationale de foot connaissait maintenant le nom des onze juges de la cour suprême !

Le projet de Sandra Kogut était d’aborder le problème des manœuvres financières qui se sont retournés contre les fauteurs d’abus, les mettant du jour au lendemain sur la paille, mais cette fois-ci en axant le récit sur les personnages des employés de maison, des personnages qui le plus souvent apparaissent en toile de fond ou hors cadre.

Cette option narrative pose la question de savoir ce que pouvaient devenir les employés de maison dans le cas où leurs employeurs faisaient faillite.

Le film de Sandra Kogut repose essentiellement sur le personnage de Mado («  Une seconde mèr e » de la même réalisatrice), pièce maîtresse du fonctionnement de la maison qui, à force d’efficacité et de dévotion à ses maîtres, s’est rendue indispensable. Mado est incarnée (plutôt qu’interprétée) par Regina Casé dont on avait pu remarquer le talent précédemment.

Le film se déroule sur trois étés, chaque été étant axé autour de la date où a (ou aurait dû avoir) lieu la grande fête habituelle, sachant que l’été dans l’hémisphère Sud a lieu en décembre et janvier. C’est une période très particulière au Brésil, prise entre la fête de Noël (réunions familiales) et le jour de l’an avec les vœux et la promesse de changement, qui font écho aux successions des crises que connaît le Brésil.

Le film a été tourné juste avant les élections de 2018 qui se sont soldées par l’arrivée au pouvoir d’un candidat d’extrême droite.

Quelques mois plus tard, il sautait aux yeux que le film était un portrait prévisible du pays juste avant et en regardant le film, on peut voir que tout les signes étaient là.

Dans le film, tout le monde, pauvres comme riches, ne parle que d’argent, soit par cupidité soit par désespoir.

L’atmosphère est au « chacun pour soi » et tout le monde, pour le rêve ou le cauchemar néolibéral, vit avec l’idée de tirer parti de toutes les opportunités

Le portrait d’une époque où grondait déjà la menace.

A voir.

Francis Dubois


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