Pablo est l’image même de l’homme accompli. A quarante ans, pratiquant et adepte d’une église évangéliste, il est marié et père de deux enfants magnifiques. Quand il rencontre Francesco, en tombe amoureux et que la liaison est découverte, sa famille et les membres de l’église entreprennent de l’aider à se soigner et à guérir de ce qu’ils considèrent comme une passade, une simple erreur de parcours. Mais si Dieu aime les pêcheurs il déteste le péché…

Alors qu’il achevait le tournage de son film précédent «  Ixcanul » Jayro Bustamante faisait la rencontre d’un homme qui se confia à lui et l’entretint de son homosexualité. Cet aveu n’était qu’à moitié un coming-out dans la mesure où cet homme était à la fois gay puisqu’il entretenait une relation avec un autre homme, et homophobe.

Le carcan qui mettait cet homme dans cette situation contradictoire provenait du poids de la société dans laquelle il avait grandi et vécu jusque là. L’influence de son « éducation » était telle qu’elle développait chez lui, en même temps qu’il la vivait, un refus souterrain de sa préférence sexuelle.

Cinéma : tremblements
Cinéma : tremblements

La rencontre atypique avec cet homme a questionné le réalisateur sur la manière dont au Guatemala, on considérait l’homosexualité.

L’écriture du film a commencé par des rencontres avec d’autres « Pablo ». Tous avaient suivi un traitement, avaient consulté un psy, les traitements ayant eu lieu sous la pression de la famille et de l’église appelée à la rescousse pour appuyer l’idée que l’homosexualité est une maladie dont on peut guérir. Il n’était jamais question, comme c’est montré dans le film d’aider à mieux se comprendre et s’accepter, le but étant de remettre ces brebis égarées dans le droit chemin.

Si le film aborde le problème de la découverte d’une homosexualité tardive, il questionne sur le poids de la religion et plus particulièrement de celui des courants évangélistes.

Au Guatemala, les mouvements évangélistes sont devenus la force politique majeure dans le pays et dans toute l’Amérique latine plus largement, s’installant sur une société obéissante à la règle religieuse, mais également machiste et misogyne. Ce qui est demandé à Pablo c’est de faire preuve de virilité et de sauver les apparences.

Les églises évangélistes se substituent à un pouvoir défaillant et comme c’est montré dans le film de Jayno Bustamente, c’est la paroisse qui va agir en sauveur d’un homme abandonné de tous, à qui on refuse le droit de voir ses enfants, qui perd son travail et son statut social en lui proposant un emploi même si la démarche ressemble surtout à un endoctrinement….

Si le trait narratif est parfois un peu appuyé et si le rejet du « coupable » par sa famille et par la société se fait sans préalable et d’une façon qui paraît radicale et sans appel, il faut peut-être se remettre dans le contexte pour rendre sa totale crédibilité au traitement du récit.

Francis Dubois


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