Pamela est une jeune fille portugaise de la deuxième génération. Elle vit en France et elle est parfaitement intégrée à la société française. Cependant, très attachée à sa famille restée fidèle à la culture portugaise, elle se retrouve parfois en porte à faux et ne connaît rien de plus exaltant que d’imaginer les vacances d’été dans son petit village d’origine privé de charme et d’attraits mais où elle se coule avec délice dans des plaisirs familiaux et savoure le plaisir les distractions « démodées », sa participation aux festivités désuètes que sont les fêtes de villages avec leurs processions et leurs bals d’un autre temps.
C’est sa rencontre avec Claudia, une amie d’enfance momentanément perdue de vue, qu’elle deviendra une adolescente intrépide et insoumise et fera, contre toute attente, le choix de l’inconnu et de la liberté.
En France, porter un nom étranger (et c’est le cas de la réalisatrice Laurence Ferreira Barbosa) attise la curiosité et renvoie à l’ identité d’origine.
Or, la communauté portugaise en France n’a pour ainsi dire pas « d’image » et très peu de «fiction».
Le film permet l’accès à une communauté pleine de contradictions, à la fois ouverte sur le fonctionnement du pays d’accueil et jalouse de sa culture, de son attachement à la famille et souvent à un clan qu’offre une émigration souvent regroupée géographiquement.
Les émigrés portugais viennent majoritairement du monde rural du nord du Portugal. Ils son restés attachés aux traditions et donc, conservateurs.
Entretenir leur culture est pour eux une manière de faire rempart à une société française dont l’évolution peut leur faire peur : bouleversement de la structure familiale, perte de repères et le rituel du retour au Portugal au mois d’août, dans le village, est une manière de réactiver leur identité.
Les jeunes générations éprouvent un attachement et une fierté pour leur pays d’origine et pour la famille. Et les vacances familiales qui plus est, sont une parenthèse de quelques semaines, deviennent pour eux une sorte de réserve de rêves…
Pour parler de cette communauté de gens du peuple, Laurence Ferreira Barbosa à choisi de faire le portrait d’une jeune fille de la deuxième génération dont les parents ont émigré à la fin des années 80, pleinement impliquée dans sa communauté, adhérant à ses valeurs et qui, pour vivre sa vie et se démarquer, va devoir opérer un pas de côté.
Si le film fonctionne essentiellement sur ce sujet, il aborde, dans sa deuxième partie le thème plus universel de l’amitié entre deux jeunes femmes très différentes, aux personnalités contrastées mais complémentaires et qui vont dénicher chez l’autre les ressources nécessaires pour trouver une vraie voie qui n’appartienne ni à une émancipation précoce dangereuse ni à une rigueur morale castratrice….
Les deux sujets mêlés donnent au film une tonalité originale en dépit d’une construction attendue.
Si le film ressasse les conflit parents-enfants et parfois n’échappe pas aux clichés, il trouve toute son ampleur narrative et sa sensibilité avec les touchants et rudes paysages portugais.
Mais la force de « Tous les rêves du monde » revient au personnage de Pamela magnifiquement joué par la jeune comédienne Paméla Ramos.
Le personnage remplit le film, lui apporte toutes ses nuances et on n’est pas prêt d’oublier le visage de Paméla, tour à tour ingrat ou d’une grande finesse de traits, la démarche volontaire et la belle façon d’assumer un surpoids disgracieux.
Francis Dubois
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