Paul, la quarantaine passée est détective privé. Dorothy a seize ans. Elle vit avec sa mère et elle est en pleine crise d’adolescence.

Ils ne se sont jamais rencontrés mais Paul sait qu’il est le père biologique de Dorothy.

Il a vécu toutes ces années loin d’elle avec ce secret et s’est accommodé de son silence, qui l’a protégé, et de sa lâcheté.

Pourtant, de retour à Bruxelles, il se met à observer à distance l’adolescente et des élans de paternité le saisissent.

Tout va basculer lorsque Dorothy, apprenant par hasard que l’homme qu’elle a vu prendre des photos est un détective, sonne à sa porte et lui demande de l’aider à retrouver son père biologique.

Cinéma : toue les chats sont gris
Cinéma : toue les chats sont gris

Le film repose sur les compositions de Bouli Lanners et la jeune interprète de Dorothy, Marion Capelle, une comédienne dont c’est la première apparition à l’écran.

Et même si le tracé narratif du récit n’est pas d’une grande originalité, l’approche l’un vers l’autre progressive, prudente et craintive des deux personnages, déclenche une sorte de léger suspense.

S’ils sont bourrés de tendresse et si la situation les plonge dans un désarroi latent qui les rend, chacun à sa façon, vulnérables et attachants, ils sont à la fois dans l’attente et dans la crainte de l’engagement.

Savina Dellicourt met ses deux protagonistes en situation de porte-à-faux l’un par rapport à l’autre (l’un sait et l’autre ignore) et le déroulement du récit joue sur ce déséquilibre.

Le personnage de la mère sert de balancier en se situant dans la position de celle qui résiste et qui crée le conflit.

La délicatesse avec laquelle la réalisatrice conduit le récit tient à distance les personnages et les situations des dangers de l’angélisme et du cliché, et la force du film réside dans le fait que le rapprochement de Paul et Dorothy ne s’effectue pas comme une obligation qui serait dictée par la loi du sang, mais comme un choix.

Les sentiments qui lient les deux personnages naissent à la fois du désir de Paul de gagner la confiance de Dorothy, de l’apprivoiser et de la sympathie doublée d’admiration que Dorothy éprouve pour Paul en qui elle a vu dès leur première rencontre, l’image du père idéal.

Un film tendre et bourru à qui on pardonnera quelques faiblesses de scénario.

Francis Dubois


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