Chaque hiver, à date fixe, une troupe de cavaliers Sioux traverse les grandes plaines du Dakota pour aller commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee. Sur ces terres dont ils ont été dépossédés, les aînés tentent de transmettre aux plus jeunes leur culture – ou ce qu’il en reste – de plus en plus menacée par la modernité galopante. Un long voyage dans le temps pour reconstruire une identité de plus en plus perdue et qui confronte l’Amérique à sa propre histoire.

Cinéma : The ride
Cinéma : The ride

Tout le film retrace l’organisation et le temps de la chevauchée depuis le premier jour jusqu’au rassemblement des cavaliers au quinzième et dernier jour de la commémoration, lors de la cérémonie qui a lieu au cimetière de Wounded Knee. Le récit qui utilise un style de cinéma direct se focalise sur les participants, les histoires et les émotions qui émergent au cours du voyage, plaçant le spectateur dans le moment présent.

Les images seules parlent de cet événement annuel.

Aucune voix off explicative, pas non plus de témoignages de spécialistes ou d’historiens, pas de discours politique. L’histoire est simplement racontée par les Sioux d’aujourd’hui, sobrement, sans apitoiement, avec leur propres mots.

Le film se déroule au plus proche de ces hommes, de ces garçonnets et adolescents, de leur comportement, de leurs gestes, leurs silences, leurs regards, leurs émotions et leurs rires qui renvoient la manifestation au domaine du rituel, à sa démarche du respect de la mémoire.

Les anecdotes circulent et si, parfois, elles sont pathétiques ou cruelles, elles ne sont jamais larmoyantes.

Les Sioux montrent dans leur propre comportement beaucoup de dignité. Ils ont un style qui leur est propre, de l’humour, et vivent leur émotion avec beaucoup de distance.

Si l’on suit avec intérêt les préparatifs de la commémoration, l’énumération des enjeux de la manifestation rituelle, les bivouacs, les reprises de la route, on est saisi par le cadre visuel très fort du film. Les immenses espaces que la chevauchée parcourt, les vastes plaines renvoient à des images presque stéréotypées.

Le film de Stéphanie Gillard montre bien les anachronismes inhérents à ce genre de célébration d’un autre temps où, coincés entre autoroutes et stations services, les participants préfèrent les portables aux signes cabalistiques d’autrefois.

Tout au long du film, il y a ce contraste entre la nature sauvage dans laquelle les ancêtres vivaient autrefois et l’univers coloré et cliquant de l’Amérique d’aujourd’hui.

Un film joyeux en apparence mais derrière les apparences, chargé de mélancolie et qui révèle des blessures qui ont du mal à se refermer.

Francis Dubois


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